Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

mardi 10 novembre 2015

Bataille de La Praya - 16 avril 1781

La France était entrée dans la guerre d'indépendance des États-Unis en 1778. De son côté, la Grande-Bretagne avait déclaré la guerre aux Provinces-Unies à la fin 1780 parce que les Hollandais avaient refusé de cesser de commercer avec les Français et les Américains.

Le commodore Johnstone eu l'ordre de monter et conduire une expédition pour s'emparer de la colonie hollandaise du cap de Bonne-Espérance.


Le 13 mars 1781, Johnstone quitta Spithead avec une flotte de 37 navires. Au tout début du mois d’avril, la flotte mouilla pour se ravitailler en eau et en vivres dans le port neutre de Porto Praya de l’archipel des îles du Cap-Vert alors sous domination portugaise.



L’amiral français, le bailli de Suffren, fut envoyé avec la mission de porter assistance militaire aux colonies françaises et hollandaises aux Indes . Pour cette expédition, il était à la tête d'une flotte de cinq bâtiments de ligne, sept transports de troupes, trois frégates et une corvette pour les escorter. Le 22 mars, il se dirigeait vers l'Amérique du Nord, sous commandement de l'amiral de Grasse, avec des informations sur la mission de Johnstone et son objectif d'atteindre Le Cap avant lui.


Un des vaisseaux de Suffren, l’Artésien, qui devait initialement se rendre aux Amériques avec le comte de Grasse, avait besoin de se ravitailler en eau. Aussi le 16 avril, la flotte française marqua un temps d'arrêt à l'approche de l'île de Santiago (Cap-Vert), puis Suffren donna l'ordre à l’Artésien d'entrer dans le port qui était un lieu traditionnel d'escale pour les navires faisant route vers les Indes orientales.




Nous avons joué cette bataille le 30 octobre et le 06 novembre 2015 avec les règles "Wooden Ships And Ironmen" d'Avallon Hill. Pour des raisons pratiques, la quantité des navires composant le convoi anglais a été réduite aux Indiamen pour permettre de les positionner sur la table de jeu.

Le vent force 2-3 est orienté au NNE et stable.

L'Artésien (64) arrive en vue du mouillage de Porto Praya pour ravitailler en eau douce.


La vigie annonce qu'une flotte anglaise est déjà au mouillage. M. De Cadaillacy, capitaine de l'Artésien, signale au bailli de Suffren les positions de la flotte ennemie.


Suffren organise sa flotte en deux divisions et envoie la première, composée de l'Annibal (74), du Sphinx (64), de la frégate Cléopâtre (32) et de la corvette La Fortune (16) rejoindre l'Artésien (64), tandis qu'il prend le parti de retarder la seconde.


La flotte anglaise au mouillage se compose de cinq navires de ligne, trois frégates, un brick, deux bombardes et un nombre important de navires de commerce de la compagnie des Indes et de transports de troupe.


Les premiers bâtiments anglais appareillent, les navires de guerre procédant à des appareillages d'urgence

Les bateaux du convoi appareillent dans un chaos total, gênant la manœuvre de Johnstone pour ordonner ses vaisseaux

Premiers coups de canons, l'Artésien (64) et la Cléopâtre (32) sont pris à partie par le HMS Hero (74) et le HMS Appolo (32), suivis de près par le HMS Diana


A l'arrière, dans la baie de La Praya, le convoi commence à s'organiser et à prendre la fuite sous le regard passif des batteries côtières portugaises

Le combat entre le HMS Hero et l'Artésien s'intensifie et tourne en faveur de l'anglais

De son côté, le HMS Appolo prend à partie la Cléopâtre qui finit par amener ses couleurs pour éviter de sombrer.


L'annibal (74), le Sphinx (64) et la Fortune (16) se portent au secours des deux premiers vaisseaux déjà mal en point. La première division française est maintenant au complet.

Mais derrière, les Anglais s'organisent déjà. Johnstone a pris le parti de ne pas mettre ses bateaux en formation et de concentrer son action sur les premiers vaisseaux français afin de laisser au convoi le temps d'appareiller et de s'enfuir.


Dans le feu de l'action, les Anglais capturent l'Artésien et le Sphinx. Le combat tournoyant entre la flotte anglaise et l'avant-garde française se poursuit quand au loin se dessine les silhouettes de la seconde division française. Lancée à pleines voiles derrière le Héros (74), vaisseau amiral du bailli de Suffren, on trouve le Vengeur (64) et les frégates de 18 Fine (32) et Bellone (32).


Le combat devient général, sauf pour les deux dernières frégates françaises qui gagnent le vent et contournent le lieu du combat pour tenter de rattraper le convoi en fuite.


Cependant, le convoi commence à tourner le Cap Vert et semble s'échapper

Dans la mêlée, le vaisseau amiral français fait des merveilles. Entre canonnades et abordages multiples, on finit par avoir du mal à discerner les amis des ennemis.


Un coup chanceux du HMS Rommey (50), navire amiral de Johnstone, provoque à bord de l'Annibal (74) un incendie qui se propage rapidement à la sainte-barbe et explose, entrainant dans sa chute le York (14), vaisseau de la compagnie des Indes qui ne s'était pas suffisamment écarté.


Le Vengeur (64) part à l'abordage et capture la frégate HMS Active (32)

L'abordage du HMS Active avait coûté tellement cher en hommes au Vengeur, que le HMS Jason (32) trouve à son tour le moyen de l'aborder en utilisant la coque vide du HMS Lark comme passerelle. L'engagement était en train de tourner à l'avantage des Anglais quand Suffren ordonne au Héros de venir au secours du Vengeur. Au bilan, les HMS Lark, Active et Jason sont capturés par les efforts conjugués des équipages des deux vaisseaux français.

Le résultat de cette bataille, et ce malgré l'énergie surhumaine déployée par les Français pour rattraper leur retard initial, se solde par une défaite tactique française. En effet, la frégate Fine n'a pas eu assez de vent pour rattraper plus d'un vaisseau de la compagnie des Indes avant de se trouver confrontée au Grenville, vaisseau de la même compagnie, armé de 26 canons qui a achevé de couvrir la fuite de ses camarades. La Fine déjà endommagée par ses premiers combats n'a pu résister et a rompu un combat perdu d'avance.

Au bilan final, les vaisseaux restant à Suffren en état de naviguer seront insuffisants pour contrer ceux de Johnstone encore en relatif bon état... La campagne des Indes est mal engagée...

Le résultat historique fut assez différent.


Suffren engagea tous ses vaisseaux dès le début de la bataille pour prendre les Anglais de vitesse et vint mouiller au milieu de la flotte en train d'essayer d'appareiller. Ce fut un carnage pour le convoi et une victoire non décisive sur la flotte de Johnstone.

En revanche, la flotte anglaise ne put jamais atteindre le Cap avant Suffren, lui donnant ainsi une victoire stratégique.

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