Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

lundi 28 mars 2016

Harran, 7 mai 1104


Les Croisés ont pris Jérusalem, et les embryons des premiers états latins commencent à voir le jour au Levant. Malgré leur infériorité numérique, ils ont su s'imposer, non seulement par les armes, mais aussi par la diplomatie. C'est ainsi que sont nés le Comté d'Edesse et la Principauté d'Antioche, en Arménie cilicienne.

Baudoin du Bourg, comte d'Edesse, et Josselin de Courtenay, seigneur de Turbessel, décident de prendre Harran afin d’ouvrir la route qui permettrait de capturer Mossoul puis Bagdad.

La campagne devait être facile pour les Chrétiens : la situation est chaotique à Harran, d'autant plus que le gouverneur vient d'être assassiné lors d'une beuverie par l'un de ses officiers. De plus, les Musulmans ne sont pas unis : Jekermish, l'émir seldjoukide de Mossoul, est en guerre contre Sokman, le seigneur de Mardin et ancien gouverneur de Jérusalem.

Mais de stupides querelles entre les chefs francs retardent l’opération, et permettent aux musulmans de se réorganiser. Jekermish et Sokman se réconcilient, et réunissent leurs forces pour contrer l'ennemi commun. La rencontre a lieu le 7 mai 1104, sur un affluent de l'Euphrate au Sud de Harran.

Nous jouons ce scénario historique sur la règle L'art de la guerre. Seuls les corps principaux des deux adversaires sont déployés sur table. Alors que les troupes de Bohémond sont cachés derrière une colline, les forces de l'émir de Mossoul attendent patiemment à la droite de l'armée de Sokman.

Au premier plan, le corps principal musulman...
... d'où très rapidement, des cavaliers légers coumanes viennent provoquer les turcopoles
Les archers arméniens d'Edesse tentent de tenir à distance les Seldjoukides...
...mais leur cavalerie innombrable semble hors d'atteinte...
...et continue de provoquer les Chrétiens de l'autre côté de la rivière
C'est alors que survient de derrière la colline l'armée d'Antioche
Les Croisés hésitent, puis franchissent la Balikh, et se ruent sur l'ennemi
C'est le moment que choisit l'émir de Mossoul pour surgir, à la tête d'une puissante cavalerie
Au centre, les cavaleries sont engagées, les Croisés débordés
La cavalerie syrienne balaie les archers arméniens de Josselin de Courtenay
 Déjà, une horde de Couman s'approche de leur camp dans l'éventualité de le piller
D'ailleurs, la cavalerie musulmane l'emporte sur la chrétienne, et se joue de l'infanterie ennemie
Les Turcs dominent la bataille, et les derniers foyers de résistance s'éteignent l'un après l'autre
 Dernier baroud des chevaliers arméniens, pour l'honneur : tout est fini
 

Dans la vraie Histoire, Bohémond de Tarente, qui était caché derrière une colline avec ses troupes, préféra ne pas intervenir et choisit la fuite plutôt que de se risquer dans une aventure visiblement trop mal engagée.

Baudoin du Bourg et Josselin de Courtenay, furent capturés par les  Turcomans de Soqman, mais Jekermish s’empare de Baudouin sous la tente de son prétendu allié pour l'emporter avec lui à Mossoul. Baudoin sera libéré en 1108, un an après l'évasion de Josselin.

La bataille de Harran scelle les tentatives d’expansion à l'Est des états latins, qui resteront, définitivement, sur la bande côtière.

lundi 21 mars 2016

La Roche-Derrien, 1347













 Nous sommes en 1341. Le duc de Bretagne Jean III n'a pas laissé d'héritier, et son frère Guy de Penthièvre qui aurait du lui succéder est mort.
La couronne ducale devait-elle revenir à Jeanne, la fille de Guy, ou à Jean de Montfort, le demi-frère du défunt duc ? Jeanne de Penthièvre était l'épouse de Charles de Blois, qui disposait du soutien du roi de France. Quant à Jean de Montfort, il était soutenu par le roi d'Angleterre. La Guerre de Succession de Bretagne venait de commencer.

En décembre 1345, la compagnie du comte de Northampton prit la Roche-Derrien. A partir de la cité fortifiée, les Anglais lançaient de nombreux raids aux alentours.
Charles de Blois décide de réduire ce nid montfortiste, et vient mettre le siège devant la Roche-Derrien. Il dispose d'ailleurs d'une artillerie impressionnante, qui compte 9 grands trébuchets.

Notre scénario commence la nuit du 20 juin, alors qu'une armée de secours anglaise, sous le commandement de Dagworth, attaque le camp blésiste endormi. Nous utilisons la règle Lion Rampant librement adaptée.
Côté assiégeants, la nuit s'annonce calme, et sereine...
 C'est le moment choisi par Dagworth pour surprendre les quelques hommes de garde
L'alerte est donnée : les soldats blésistes sortent rapidement de leur torpeur...
...mais les Anglais sont partout, et la bataille générale
 La tente rouge de Charles de Blois est aussitôt repérée...
 ...alors que l'on se bat partout dans le campement débordé
La garnison assiégée fait une sortie, ce qui rajoute à la confusion générale
Charles de Blois est isolé, et combat bravement pour défendre sa vie et son honneur...
... mais il ploie sous le nombre, et est finalement capturé


Ce 20 juin 1347, Charles de Blois fut blessé dix-sept fois avant d'être fait prisonnier. Durant ses neuf  années de captivité, qui l'ont conduit jusqu'à Londres, les hostilités continuèrent entre Jeanne de Penthièvre, sa femme, et Jeanne de Flandre, la veuve de Jean de Montfort mort en 1345. Cet épisode est connu sous le nom de la guerre des deux Jeanne.

dimanche 13 mars 2016

15 mai 1940, ciel de France

Les forces allemandes se sont lancées à la conquête de la France 5 jours auparavant, en passant par la Belgique et les Pays-Bas. La Meuse a été franchie par les premières unités de la Wehrmacht dès le 13 mai, suivies par un flux incessant de cohortes de véhicules et de troupes.

Depuis 3 jours déjà, les bombardiers de l’Armée de l’Air et de la BEF sont envoyés quotidiennement à l’assaut de ces colonnes avec pour objectif leur destruction.

La tactique française de début de guerre, suivant le concept italien, consistait à envoyer les bombardiers en mission de bombardement sans escorte : « les bombardiers passeront ! ».

Malheureusement, la chasse allemande surpasse de loin les prévisions du commandement et une Flak très dense escorte les convois et est installée près des ponts sur la Meuse. 

C’est dans ces conditions que, après des pertes terribles les 13 et 14 mai, les derniers Bréguet 693 et LeO 451 des groupes de bombardement français repartent à l’attaque des ponts, escortés cette fois-ci par quelques chasseurs du GC I/1. Des Me Bf110 du III/ZG 26 les attendent…
Les bombardiers français volent vers leurs objectifs

Le scénario est adapté d’un des scénarii de l’extension "Days of Glory" de la règle Check your 6!.

L’escorte de chasse a été réduite et les Bréguet sont remplacés par les LeO 451, plus rapides et mieux armés. Le scénario est simple : les bombardiers français doivent détruire les ponts sur la Meuse, les chasseurs d'escorte doivent les protéger et les Me Bf110 doivent intercepter les bombardiers. Nous utilisons des habitations pour représenter les ponts sur la Meuse.
Les Bloch MB 152 se dirigent immédiatement à la rencontre des Zerstörer, divisés en 2 Rotte, qui se dirigent vers les bombardiers. Ces derniers foncent vers la cible, en formation parfaite.

Une des deux Rotte évite les chasseurs alors que ceux-ci engagent frontalement le deuxième groupe de chasseurs allemands. Les premières passes frontales vont être efficaces : les canons des Bf110 mettent au tapis un des bombardiers, alors qu’un des Bloch endommage la structure d’un des Zerstörers. La défense des LeO est efficace et un des canons des tourelles met aussi à mal un deuxième bimoteur allemand.

Les LeO 451 reprennent leur formation et filent vers les ponts, poursuivis par les Messerchmitt qui peinent à les rattraper, eux-mêmes poursuivis par les Bloch qui plongent pour éviter les tirs défensifs des mitrailleurs arrières des 110.
Les bombardiers s’approchent des ponts et réussissent à lâcher leurs bombes ; un des trois ponts sera d’ailleurs détruit et un deuxième fortement endommagé ; mais la Flak commence à faire des dégâts : un des dégâts prend des éclats dans l’aile, alors que le retour vers la base va de nouveau leur faire croiser la route des Me110 qui sont toujours dans leurs six heures.
Ceux-ci sont rattrapés par les Bloch 152 du GC I/1 qui les arrosent à distance de plus en plus courte ; les deux bimoteurs allemands endommagés finissent par s’écraser au sol, victimes du Capitaine Coutaud, commandant de la 1ère escadrille du GC I/1 et qui descendra 6 appareils allemands avant l’armistice.

Mais à force de s’approcher des ponts, les tirs de DCA deviennent de plus en plus denses et les deux chasseurs français finissent aussi par exploser en vol.
Les LeO 451 s’échapperont, mais poursuivis par les derniers Zerstörers, seuls deux réussiront à regagner leur base.


Le sacrifice des bombardiers aura permis de ralentir le flux de l’envahisseur germanique, mais pas de manière suffisante pour que cela puisse influer significativement sur le résultat final et la défaite française.

De plus, la destruction partielle des objectifs aura coûté cher, une fois de plus, à l’aviation française : les deux tiers des bombardiers sont détruits, et de précieux pilotes de chasse sont perdus.


Au final, cette table se conclut par une victoire allemande. De peu certes, mais victoire allemande quand même !