Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

lundi 30 janvier 2017

Crécy, 26 août 1346

Voilà dix années qu’Édouard III d'Angleterre revendiquait la couronne de France, mais Philippe VI de Valois tenait bon. Les Anglais, grâce à leur marine, portaient la guerre sur le continent et pouvaient frapper où et quand ils le souhaitaient. C'est ainsi que débutèrent ces violentes "chevauchées", ponctuées par quelques grandes et terribles batailles.

Voici donc le contexte d'un scénario sur la bataille de Crécy, jouée sur notre adaptation de la règle Lion Rampant de chez Osprey.



L'armée anglaise avait débarqué le 12 juillet 1346 à St Vaast-la-Hougue, et pu dévaster la Normandie sans rencontrer de véritable résistance. Après avoir accumulé un important butin, Édouard décida de remonter vers la Flandre, sachant que l'armée du Valois tenterait de l'intercepter.

Le 25 août, le Plantagenêt s'arrêtait à Crécy, où il décida d'attendre l'ennemi. Il prépara le terrain, et fit parquer ses chevaux bien à l'arrière : les archers seront déployés sur l'avant "en forme de herse", et tous ses gens se battront à pieds. Entretemps, ils auront le temps de bien se reposer.


 

Des cavaliers français, partis en reconnaissance repérèrent l'armée anglaise, et constatèrent que la position qu'elle défendait était excellente.

Mais la noblesse française, pressée d'en découdre, oublia toutes les précautions d'usages et fonça sur Crécy. C'est ainsi que l'armée du roi de France se présenta exténuée devant celle d’Édouard III. Comble de malchance, une pluie violente s'abattit sur le champ de bataille, et distendit les cordes des arbalètes des Génois placés en première ligne devant la fine-fleur de la chevalerie.



L'armée anglaise est déployée sur la colline de Crécy
Les Français arrivent sur la plaine en colonne
Les archers, anglais, tirent les premiers
Les arbalétriers génois reculent pendant que chevaliers et troupes à pied tentent de progresser le long des chemins moins boueux
Les premiers chevaliers ayant été défaits, Philippe engage ses derniers chevaliers...
...qui décident d'une charge massive au centre
Fortement diminuées par les tirs anglais, les premières troupes françaises atteignent le village de Crécy
L'aile droite française tente de déborder Édouard
Les Français arrivent enfin au corps à corps...
 ...mais sont mis à mal et repoussés par des Anglais qui ne subissent que des pertes minimes
Au centre, les chevaliers français se lancent dans une ultime charge...
 ...mais subissent le tir croisé des archers...
...et sont massacrés avant même d'entrer en contact avec l'Anglois


Le résultat sur notre table est proche de l'Historique.

L'armée de Philippe VI a brillé par son incompétence et a payé cher son manque de cohésion et de cohérence face à une armée anglaise disciplinée et bien entrainée.

Quant à l'Anglais, tant qu'il maîtrise la mer... Nul ne sait encore que cette guerre durera 100 ans.

lundi 16 janvier 2017

Bataille des Falklands, 1914


Nous sommes le 8 décembre 1914 à Port Stanley, capitale des Iles Falklands, petits îlots de l’Atlantique Sud proches de l’Argentine.

Après la lourde défaite de l’amiral Craddock à Coronel, l‘amirauté britannique a envoyé en urgence deux croiseurs de bataille modernes, les HMS Invincible et HMS  Inflexible pour renforcer les croiseurs anglais rescapés et pour traquer la flotte allemande de l’Amiral Von Spee. Celui-ci, ignorant tout de la situation, a reçu l’ordre de rentrer en Allemagne. 

Von Spee a donc passé, début décembre, le Cap Horn et a mis le cap vers les Falklands sous possession britannique, afin de piller les ressources en charbon de l’île et de détruire la station TSF.


Sur place, l’amiral Sturdee commande une flotte importante composée des deux croiseurs de bataille, de plusieurs croiseurs cuirassés (HMS Kent, Cornwall, Carnarvon), de croiseurs légers modernes (HMS Glasgow et Bristol) et du cuirassé HMS Canopus qui a démonté une partie de son artillerie pour renforcer la défense à terre de Port Stanley.

Au matin du 8 décembre, plusieurs navires anglais sont en cours de charbonnage quand les guetteurs situés sur le Mont Hill détectent des fumées à l’horizon et identifient bientôt les SMS Gneisenau et Leipzig qui s’approchent de Port Stanley, envoyés en éclaireurs par l’amiral Von Spee. A terre, les opérations de charbonnage sont immédiatement arrêtées et l’ordre est donné de remettre les chaudières en route pour un appareillage aussi rapide que possible. Les deux croiseurs de bataille se mettent en marche rapidement, suivis des HMS Glasgow, Kent et Carnarvon. Le Bristol et le Cornwall sont à la traîne, leur appareillage ayant été plus tardif. Côté allemand, les mâts tripodes caractéristiques des croiseurs de bataille n’ont pas été identifiés avant 9h45, alors que la flotte anglaise quitte l’abri de Port Stanley pour foncer vers les Allemands. Von Spee ordonne immédiatement un demi-tour plein Sud et tente de fuir devant la supériorité évidente des Anglais.

Notre partie commence vers 11h15, alors que les Allemands sont doucement rattrapés par les Britanniques. La mission de Stoddart est de détruire la flotte ennemie, ou au minimum les deux croiseurs cuirassés, sans subir de dégâts importants. Von Spee doit sauvegarder une partie significative de sa division ou faire subir aux croiseurs de batailles ennemis des dommages élevés.




La ligne de file allemande : les croiseurs cuirassés en tête, suivis des croiseurs légers Leipzig, Dresden et Nürnberg.

Les navires anglais en poursuite sont répartis en deux groupes : les croiseurs de bataille sont en chasse avec le HMS Carnarvon, le Glasgow et le Kent sont un peu en arrière.


 

La flotte anglaise se rapproche et les croiseurs de bataille accélèrent à 25 nœuds pour engager les Allemands.



Les HMS Invincible et Inflexible lâchent le Carnarvon et rattrapent les Allemands qui ne peuvent pas dépasser 23 nœuds.


A 11h52, les premiers obus de l’Inflexible encadrent le Leipzig qui est pourtant à plus de 18.000 yards. Le croiseur léger ne peut riposter, la distance est trop importante. Von Spee continue à fuir plein Sud, espérant encore distancer la flotte anglaise.


Mais peu avant 12h00, le Leipzig prend une bordée de l’Inflexible qui lui broie deux cheminées et détruit la majeure partie de son artillerie. Le croiseur voit sa vitesse diminuer à 10 nœuds et doit se réduire à abandonner le reste de la flotte.


Von Spee décide alors de changer de stratégie et de séparer sa flotte. Les croiseurs légers continuent plein Sud, le Nürnberg et le Dresden laissant derrière eux le Leipzig en flamme, alors que le Scharnhorst et le Gneisenau infléchissent leur trajectoire vers l’Ouest. 


Les croiseurs de bataille, qui sont les seuls navires anglais à portée de tir changent de formation pour pouvoir plus facilement canonner les Allemands à longue portée sans se gêner.


Le Nürnberg subit lui-aussi une touche de l’Invincible et doit réduire sa vitesse à 15 nœuds.


Le Dresden le dépasse rapidement pour continuer sa route vers le Sud à pleine vitesse, suivant les ordres de l’amiral Von Spee. Le Nürnberg explosera quelques minutes plus tard, une nouvelle bordée d’obus de 305mm de l’Inflexible touchant de plein fouet sa soute aux munitions.
 
Les Allemands ont deux croiseurs légers endommagés ou coulés et leurs croiseurs cuirassés sont maintenant à portée de tir du HMS Invincible.


Von Spee ne change toujours pas sa technique et s’obstine à fuir.


Néanmoins, le Leipzig, qui a été épargné depuis quelques minutes et voit les deux croiseurs de bataille se rapprocher, tente le tout pour le tout. Il fonce droit vers les monstres d’acier qui se dirigent sur lui et essaie de les torpiller, sans succès !

Malheureusement, il se retrouve cerné par les croiseurs de bataille et les artilleries secondaires des deux navires l’envoient par le fond à 13h18.


L’écart entre les deux flottes a diminué et le Gneisenau peut riposter à 12.000 yards. Sa première bordée touche suffisamment l’Invincible pour que celui-ci décide de reprendre un peu de distance. Malheureusement pour Von Spee, l’échange a été fatal au Gneisenau dont une des cheminées est détruite. Sa vitesse descend à 15 puis 10 nœuds. Seul le navire amiral, le Scharnhorst, reste encore en état.


Après quelques échanges de tirs entre l’Inflexible et le Gneisenau qui endommagent les deux navires, les croiseurs de bataille s’écartent du croiseur cuirassé allemand et laissent le Glasgow, au premier plan, et le Kent, un peu plus loin, achever le Gneisenau. Celui-ci coule à 13h48.


La poursuite continue entre la flotte anglaise et leur dernière cible, encadrée par les tirs à longue portée.


Le résultat ne se fait pas attendre : le Scharnhorst est touché à son tour, sa vitesse chute et il subira le même sort que son sistership, le Gneisenau


A 14h30, seul le Dresden est encore sur l’eau, cap plein Sud, il a pu échapper aux navires anglais et se trouve maintenant suffisamment hors de portée pour pouvoir être certain de leur échapper à la nuit. Le dernier croiseur allemand, seul survivant du combat des Falklands réussira encore à esquiver la flotte anglaise pendant quelques mois. A cours de charbon et de pièces de rechange, il finira par se saborder devant la côte chilienne le 14 mars 1915.


La victoire anglaise est totale. Les croiseurs de bataille ont profité de leur vitesse et de leur armement supérieur pour canonner à longue portée les navires allemands qui, les uns après les autres, ont été obligés de ralentir et se sont ainsi trouvés à la merci de la flotte anglaise.

Le résultat est parfaitement conforme à l’histoire puisque, en effet, seul le Dresden aura pu échapper aux Britanniques.

samedi 14 janvier 2017

Révolte à Tarente

Tarente luttait encore et toujours pour son indépendance. L'aide fournie par Pyrrhus soixante-dix ans plus tôt n'avait en fait que retardé l'échéance : Rome régnait désormais en maître dans la plus importante cité de la Grande Grèce.

Devant l'hostilité permanente de la population, et afin de prévenir le ralliement de la cité à Hannibal, Rome avait pris des otages en -213. Mais ces derniers s'évadèrent ; ils furent repris, et précipités du haut de la Roche Tarpéienne. Ce fut le signal de la révolte : les Tarentins, appuyés par les troupes carthaginoises, chassèrent les Romains qui se réfugièrent dans la forteresse située à l'entrée du port. Ils pouvaient ainsi en bloquer l'accès, et interdire la sortie des navires tarentins, à moins qu'ils ne passent par la terre... ce qui fut fait.


Democratès, commandant la flotte tarentine, pouvait alors interdire le ravitaillement du fort par la mer. Les Romains étaient piégés.

Devant cet affront, le consul Marcus Claudius Marcellus ordonna de préparer à Rhégium un convoi maritime pour ravitailler la garnison affamée.

Mais Rome ne disposait pas de flotte disponible pour l'escorter, et confia le convoi à un aventurier de "naissance obscure" du nom de Decimus Quinctius, qui possédait deux trirèmes et trois autres navires plus petits, auxquels les Romains ajoutèrent 3 quinquérèmes et des galères réquisitionnées dans les ports du Sud de l'Italie. Quinctius disposait ainsi de vingt unités. La flotte tarentine se compose d'un même nombre de navires.

La rencontre a lieu à une quinzaine de milles à l'ouest de Tarente.

La flotte romaine découvre le barrage ennemi

Les transports, peu manœuvrants, sont au centre du dispositif 

Les Tarentins engagent les hostilités, se focalisant sur l'escorte

Ici, pas d'abordage, l'éperon est roi...

... et ne pardonne pas

 Les voiliers romains tentent de changer leur route afin d'éviter les galères ennemies

Trop lents, ils sont contactés par les galères tarentines qui se ruent sur eux 

 Les puissantes quinquérèmes sont trop éloignées pour réagir...
 
...alors que les combats font rage au centre...

...et que les Tarentins paient le prix de leur insolence

Le navire de Decimus Quinctius est attaqué, et pris

Le carnage est général...

...et la mer est couverte de débris

Rares sont les transports romains qui parviennent à s'enfuir

Tarente a triomphé sur mer, pour cette fois. Dans un an, elle sera romaine.