Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

mardi 31 décembre 2019

Bagaudes !

Rome vacille. En cette seconde moitié du IIIème siècle, les Barbares se bousculent sur ses frontières, de nombreux généraux usurpent le titre impérial, la maladie décime les populations, par ailleurs appauvries par une crise monétaire sans précédent. Dans les campagnes, des bandes se constituent et recueillent toutes sortes de mécontents : paysans ruinés, esclaves en fuite, déserteurs... Les Bagaudes ravagent les campagnes, dévastent les fermes, et détruisent tout ce qui rappelle une administration romaine déficiente.



Notre scénario nous porte quelque part en Armorique lors des premières années de règne de Dioclétien. Des Bagaudes menacent une riche demeure pour la piller.

Malheureusement pour eux, ils s'aperçoivent, trop tard, qu'ils sont attendus.




Nous jouons sur la version 2 de la règle DBA, avec deux armées adaptées. Les Bagaudes disposent ainsi de dix plaquettes de "hordes". Elles détruisent systématiquement les plaquettes de légionnaires qu'elles défont (comme le feraient des plaquettes de "guerriers"). De plus, les Bagaudes n'ont pas de commandant en chef, mais le joueur qui les contrôle peut choisir à chaque tour une plaquette pour bénéficier du bonus de +1 au combat.

Les soldats romains attendent, disciplinés et placides, les brigands désordonnés et braillards
Les Bagaudes n'ont pas de chef, mais semblent sous l'emprise d'une volonté supérieure
Déjà, les premiers groupent déboulent d'une colline 
Les légionnaires forment aussitôt un écran pour protéger le précieux bâtiment
Et c'est l'assaut frontal !
Les auxiliaires romains, sur le côté, accueillent tant bien que mal, le choc
Les Légions, bien que plus puissantes, souffrent d'avantage et sont enfoncées
Si les hordes des brigands ne bougent pas, quelques unités plus légères sont des proies faciles...
...bien qu'insaisissables
Les combats redoublent, apportant leurs premières pertes
Les Bagaudes galopent, les Romains piétinent et finissent par rompre

Les Bagaudes révoltés n'avaient rien à perdre, et ont osé le tout pour le tout. Ils laissent derrière eux ruine et désolation.

vendredi 13 décembre 2019

Bataille de Döbeln, 12 mai 1762



Mai 1762.

La fin de la Guerre de Sept ans est proche, mais personne ne s’y attend vraiment. Frédéric II de Prusse est mis sous pression par les armées autrichienne et russe en Saxe, Silésie et dans la Prusse Orientale, alors qu’à l’ouest de l’Allemagne ses alliés anglais et hanovriens neutralisent les armées françaises. En sous-effectif chronique, à un contre deux au mieux, la seule bonne nouvelle pour lui vient du retrait du conflit des Suédois. Cette reddition lui permet de récupérer quelques régiments qui vont être immédiatement redirigés vers la Saxe. 

 
Cette région, fortement disputée depuis près de sept ans, est encore partiellement occupée par les Prussiens, commandés par le frère du roi : le prince Henri de Prusse. Ce théâtre d’opération est considéré comme secondaire par Frédéric, et Henri de Prusse doit se contenter de régiments de qualité moyenne, et en quantité nettement insuffisante pour pouvoir faire autre chose que de la résistance. L’arrivée de ces renforts est la bienvenue. 

Le prince Henri choisit alors de prendre l’offensive en espérant surprendre les troupes autrichiennes dans leurs cantonnements d’hiver, avant qu’ils puissent repartir à l’offensive. Son choix se porte sur la région de Döbeln, petite ville sur les bords de la rivière Mulder, sur les berges de laquelle les troupes autrichiennes se sont assez fortement fortifiées depuis plusieurs années.

Les Autrichiens ont bâti des redoutes pour protéger les ponts sur la Mulder mais ne s’attendent pas à une attaque. Le 12 mai, à cinq heures du matin les Prussiens lancent l'assaut.


Le général Von Zedtwitz, commandant les forces autrichiennes, est en arrière du dispositif avec ses régiments de cavalerie et ses grenadiers. La surprise est totale et les régiments ne sont pas formés.


La colonne la plus au sud, menée par le général prussien Von Kleist , aborde son objectif la première mais se heurte à une batterie retranchée derrière le pont.


Au nord, la colonne de cavalerie menée par le général Von Seidlitz franchit elle aussi le pont, dragons en tête, pour se heurter à une seconde batterie qui la bloque dans son élan.


Les dragons se lancent à l’assaut des défenses mais ne peuvent les franchir et sont repoussés.

Au centre, la colonne d’infanterie menée par le général Von Stutterheim avance plus lentement. Les bataillons avancent les uns derrière les autres et se font cueillir à la sortie du pont par un bataillon de Grenzer qui s’oppose vaillamment à tous les efforts des Prussiens pour se déployer.

 
Deux bataillons prussiens sont mis en déroute successivement…


… avant que le rouleau compresseur des grenadiers ne s’installe, bien aidés par une batterie prussienne qui prend en enfilade les Grenzer hongrois et les oblige à se replier.

Au nord, Von Seydlitz a réussi à faire charger le bataillon de grenadiers qui accompagnait sa cavalerie. Enragés par les heures passées à manger la poussière des régiments de cavalerie placés en avant-garde, leur avance est irrésistible !

Deux bataillons autrichiens sont mis en déroute, ainsi qu’un régiment de hussards pris totalement par surprise ! Le nord de la Mulder est franchi et la cavalerie prussienne, qui a réussi à se reformer, se prépare à anéantir les Autrichiens en désordre. 


Côté sud, Von Kleist a réussi à faire traverser ses troupes mais il se retrouve coincé sans possibilité de manœuvre, alors que les renforts autrichiens du général en chef arrivent au contact. Sa situation est délicate.


Enfin, la dernière colonne, un peu au sud de Döbeln, a mis plus de temps à traverser la rivière et a déjà subi de nombreuses pertes.


Mais elle peut compter sur le soutien d'un bataillon de chasseurs qui réussit à contourner les retranchements autrichiens, et qui désorganise la défense !

Au même moment, du côté nord de Döbeln, la dernière redoute autrichienne est prise à la baïonnette par l’infanterie prussienne.

Avec la perte de cette batterie, trois des colonnes prussiennes ont passé la Mulder et ont réussi à établir une solide tête de pont. La colonne du général Von Kleist, plus isolée, résiste toujours et a pu neutraliser la majeure partie des renforts autrichiens.

Les bataillons autrichiens sont pour la plupart en déroute et s’enfuient vers le sud, pour rejoindre le gros de leur armée. Von Zedtwitz ne les a pas attendus : il a pris la fuite depuis longtemps…

La victoire est prussienne, même si les pertes ont été plus élevées que prévu !

samedi 7 décembre 2019

Les faux-frères



Séthi et Amenmes étaient deux demi-frères. Depuis la mort de leur père, ils se disputaient la succession de Méremptah sur le trône de Pharaon.

Le premier, Séthi, gouvernait l’Égypte inférieure, alors qu'Amenmes dirigeait Thèbes et le pays de Koush. Sous le soleil de l’Égypte, il y avait un pharaon de trop...




L'Histoire nous a laissé le nom du vainqueur : Séthi II. Le destin d'Amenmes est quant à lui confus. Il fut enterré à la vallée des rois, mais nous ignorons tout de ce qu'il lui advint. Notre scénario se base sur une rencontre hypothétique entre les deux prétendants, sur la règle DBA.



Deux armées identiques vont s'affronter (liste DBA I-22b : Nouvel Empire). Mais ce coquin de sort a décidé que Séthi puisse se déployer du côté de la ville tenue par son rival.

Soutenues par leur camp, les forces de Séthi se déploient
Déjà, la garnison de la ville, fidèle à Amenmes, se prépare à subir un siège bien réglé

Amenmes, ou plutôt le joueur qui l'incarne, espère que les tentatives de prise de la cité va fixer un moment l'armée adverse, et lui laisser le temps nécessaire pour démoraliser son adversaire en prenant le dessus sur la cavalerie plus expérimentée de Séthi.


Les chars d'Amenmes s'élancent vers leurs opposants
Quatre duels se dessinent, avec un bonus à celui qui a pris l'initiative
 Entretemps, l'assaut est donné
 Alors que le premier choc de cavalerie ne donne aucun résultat manifeste...
 ...et que l'infanterie d'Amenmes se rapproche, lentement... 
...la cité est tombée sous le contrôle des hommes de Séthi

Un vent mauvais souffle désormais sur l'avenir d'Amenmes. Les règles qui régissent ce monde donneront la victoire à son adversaire s'il défait une seule plaquette supplémentaire. Pour Amenmes, il y en a encore quatre à prendre s'il veut vaincre.

Les chars d'Amenmes ne tremblent pas, un char de Séthi est détruit
L'issue de la bataille ne se joue plus que du côté des chars
Mais les conducteurs de chars de Séthi parviennent à coincer un char ennemi, et le détruisent

Cette victoire consacre Séthi, deuxième du nom, en tant que seul et véritable souverain de l’Égypte. La tâche qui l'attend est ardue et complexe. Pour l'instant, sa priorité, est de faire oublier l'histoire de celui qui n'a été, tout compte fait, qu'un sombre usurpateur.

dimanche 1 décembre 2019

Bolia, 469 AD

L'empire hunnique n'avait pas survécu à la mort d'Attila en 453. Les tribus vassalisées se levèrent aussitôt contre leurs anciens maîtres.

À la bataille de Nedao, les Germains gagnèrent leur liberté. Liberté relative, car depuis, en Pannonie, les tribus germaniques vivaient sous la "protection" des Ostrogoths.  

Vers 460, Hunimund, le roi des Suèves, alla piller la Dalmatie romaine. Au passage, il enleva le bétail des Ostrogoths. Ces derniers réagirent et tombèrent sur les pillards. Hunimund fut capturé et dû faire amende honorable avant d'être renvoyé chez les siens.

Mais Hunimund avait la rancune tenace. Désormais allié avec les Skires, il partit en guerre contre les Ostrogoths. Lors d'une bataille, les Skires tuèrent le roi ostrogoth Valamir, mais furent massacrés.

Byzance suivait de très près ces évènements : tout ce qui pouvait nuire à la puissance du royaume ostrogoth devait être recherché. L'empereur Léon 1er dépêcha des conseillers auprès de Hunimund, alors que le roi suève montait une nouvelle coalition. Il fut alors rejoint par les Skires d'Édica et de Vulfo, les Sarmates de Beuga et Babaï, des Gépides, des Ruges... et installa son armée près de la Bolia en Pannonie, tout cela au nez et à la barbe des Ostrogoths.

C'est ainsi que les troupes ostrogothiques, dirigées par Vidimir, frère cadet de feu Valamir et du nouveau roi Théodemir, se présentèrent devant le campement d'Hunimund et de ses comparses...


Le camp est déserté aussitôt, et les guerriers se préparent à accueillir les Ostrogoths
Les cavaliers de Vidimir, sûrs de leur force, chargent têtes baissées au centre du dispositif ennemi...
 ...mais la ligne rebelle, plus mobile, se referme sur eux
 Par contre, sur l'aile droite, la cavalerie gothique ne fait qu'une bouchée des archers suèves...
...et l'infanterie ruge est fortement malmenée de l'autre côté
A ce moment, les Ostrogoths pourraient encore croire en la victoire...
...mais leur cavalerie ne parvient pas à percer, et marque le pas sous les coups des Suèves
Les hommes d'Hunimund se battent comme des lions et repoussent les Ostrogoths...
 ...qui finissent par céder le terrain, et la victoire...
 ...sous le regard d'un observateur romain, amusé et surtout satisfait

Un siècle plus tard, Jordanès rapportera que « le champ de bataille, inondé de sang, ressemblait à une mer rouge, où s'élevaient, comme des collines, des tas d'armes et de cadavres, et que plus de dix mille guerriers restèrent sur la place ». Par contre, il écrira que les Ostrogoths avaient vengé Valamir, et furent les véritables vainqueurs de cette bataille. Nous savons qu'il n'en a rien été. D'ailleurs, Jordanès n'était-il pas Goth lui-même ?