Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

Peindre du 6mm napoléonien







Cet article présente la réalisation pas à pas
d'une plaquette de dragons de la ligne en 6mm. 



Pour l'heure, rinçons-nous l’œil avec cette plaquette de chasseurs à cheval de la ligne. Notez qu'à cette échelle, on arrive encore à faire les taches de peau de panthère sur la schabraque.






Étape 1 : la Préparation

Ne jamais négliger cette phase.

Changer la lame de votre couteau de maquettiste et ébarbez soigneusement toutes les figurines. Puis collez les à la colle cyanoacrylate sur de petits tasseaux de bois pour pouvoir les manipuler sans les toucher. Une fois la peinture terminée on décollera la figurine sans effort en passant une lame en dessous. Les doigts laisseraient immanquablement au contact des dépôts gras qui nuiraient à l'adhérence de la peinture.

Ensuite on nettoie les figurines avec de l'alcool ménager et un pinceau en brossant délicatement. On éponge enfin l'excédent avec un papier essuie-tout. Les figurines sont prêtes à recevoir la sous couche.

Sur la photo on peut voir les 10 pièces disposées sur deux tasseaux, 5 dragons des compagnies du centre sur l'un et l'officier, le trompette, le guidon, le dragon de la compagnie d'élite et un dragon du centre sur l'autre.



Étape 2 : l'application de la sous couche noire

Cette phase est l'occasion de parler de la technique de peinture dans son ensemble qui sera déterminée par la nature même de la nuance noire de la sous couche. Partant d'un fond noir, on peindra les crêtes des reliefs. Il s'agira de peindre la figurine de l'ombre à la lumière en s'efforçant à chaque application d'une couleur de laisser du noir dans les creux ou en limite avec une autre couleur. On crée ainsi un ombrage certes peu subtil mais efficace et adapté à l'échelle. Ce n'est pas sans rappeler la technique de la ligne claire en bande dessinée. Envisager d'ombrer les figurines 6mm à la manière du 28mm est illusoire. On peut pour faciliter la perception de la gravure et des détail à peindre effectuer un léger brossage à sec gris sur l'ensemble.

Il faut modérer la dilution afin de garantir l'opacité de la sous couche. Si par endroit on perçoit un peu le métal ce n'est important, la peinture acrylique adhèrera tout de par contre il est impératif que tous le creux soient noirs. Au besoin appliquer localement des retouches. La peinture utilisée est de la sous couche Prince August appliquée au pinceau légèrement diluée.




A chaque étape qui suit on effectuera la tâche décrite pour l'ensemble des figurines bien sûr. La répétition du même geste sur une courte période permet de gagner effectivement en précision et en rapidité d'exécution. Pourquoi faire les choses lentement , maladroitement sans précision alors qu'on peut plus simplement faire cela rapidement, habilement et avec précision ?

 Étape 3: le cheval

Dans la cavalerie, le cavalier se doit de s'occuper de sa monture avant sa petite personne. Nous respecterons cette tradition et commencerons par peindre le cheval. Cela représente la plus "grande" surface à peindre sur la figurine ; nous aurons ainsi en peu de temps effectué la moitié de la peinture, ce qui psychologiquement permet de nous dire que le travail progresse rapidement.

La peinture de la robe des chevaux se fait en deux temps : l'à-plat et la mise en œuvre de jus et de rehauts. L'à-plat est réalisé sur l'ensemble de la robe à l'aide de la couleur dominante en prenant soin de laisser un liseré noir entre le tapis de selle et le pelage, du noir dans les creux de la musculature, ainsi qu'en noir le harnachement de cuir. Pour le pelage rester simple et choisir dans la palette des bruns et marron des teintes courantes. Se référer à des illustrations, des photos en gardant à l'esprit qu'au final il s'agit de figurer une unité militaire, trop de bigarrure nuirait. Seul le cheval du trompette doit se distinguer et être gris blanc. On privilégiera donc les bais (robe marron plus ou moins rouge et plus ou moins foncé et crin noir) en s'autorisant un ou deux alezans (robe marron clair et crin crème ou blanc).



Le rehaut consistera à donner une touche plus lumineuse de la robe en des endroits précis : la croupe, les muscles saillants, le ventre, l'intérieur des pattes et l'encolure de l'animal. Cette teinte se fait en rajoutant de l'ocre ou du rouille, suivant la nuance recherchée, et non du blanc qui rendrait la robe terne. Seule la robe du cheval du trompette s'éclaircira avec du blanc. Enfin, on appliquera sur l'ensemble de la robe un jus dilué d'encre "chesnut ink" de Gamesworkshop, sauf pour le cheval du trompette. Cette dernière opération permet d'atténuer les contrastes et de donner un aspect lustré à la robe du cheval.




L'exemple de la photo est un cheval peint initialement avec un marron rouge. On constate qu'au final le rendu parait plus foncé. Il est d'ailleurs difficile d'anticiper l'aspect final mais même si on a eu la main un peu lourde le rendu se révèle toujours plus naturel qu'avant l'application du jus. On veillera à avoir une dilution optimale pour bien diffuser dans les creux, quitte à revenir à plusieurs reprises pour obtenir un effet satisfaisant.





Étape 4 : les métaux



Il peut paraître surprenant de traiter les parties métalliques à ce stade mais étant donnée l'échelle, les détails, peints prioritairement, serviront de guide pour le traitement des surfaces plus grandes en gardant toujours à l'esprit la difficulté de préserver un liseré noir à chaque changement de teinte ou d'objet.

Notez que l'embouchoir (la garniture située au bout du fusil) à la différence de l'infanterie est en laiton. 





Étape 5 : les détails

On peindra ensuite tous les autres détails, en s'efforçant toujours de préserver les zones noires citées plus haut.

Pour le visage il convient d'accorder un soin particulier. On ne peindra que ce qui permet de d'identifier le caractère humain du visage à savoir le nez, les pommettes, le menton, les joues, en prenant soin de toujours préserver un liseré noir à la limite du col et des jugulaires, dans les orbites, sous et de part et d'autre du nez. Le ton chair utilisé est le "chair matte" chez Prince August qui couvre bien le noir. Comme pour la robe du cheval on appliquera un jus d'encre de la nuance "flesh wash" de GW. Si on a eu la main lourde ne pas hésiter en revenir retoucher avec la couleur chair.



Pour le reste des détails on se réfèrera utilement à de la documentation uniformologique sans oublier qu'on cherche un représentation en 6mm. Beaucoup de détails disparaissent de ce fait : les liserés, les poches, les parements etc...

Les documents disponibles sur le internet suffisent, on a ainsi par exemple :
http://www.historex.com/crbst_6.html
http://napoleonistyka.atspace.com/index.html


Pour notre dragon, j'ai retenu le 7ème régiment qui a le cramoisi pour distinctive et figure parmi les unité sous les ordres de Davout à Wagram.

On peut voir sur cette illustration d'Eugène Lelièpvre ce maître de la peinture militaire trop tôt disparu à l'age de 103 ans, un représentant de la compagnie d'élite du 7ème régiment.


On peut observer compte tenu des approximations mentionnées plus haut que nos dragons conviendront aussi bien pour le 7ème, 9ème, 10ème ou 12ème régiment.


Notez que le fond de l'uniforme est resté noir à ce stade hormis quelques bavures malencontreuses qui disparaitront lors de la prochaine phase.




Étape 6 : le dragon se met au vert


On vient maintenant peindre le fond vert ("vert chasseur/dragon" de chez PA) de l'uniforme en suivant au mieux le même principe que précédemment.

Si des bavures surviennent, rien de grave, l'essentiel est la vue d'ensemble. Si les zones ombrées et liserés noirs sont maintenus dans l'ensemble, l'effet est garanti, l’œil de l'observateur n'y verra que du feu.




Étape 7 : la mise en lumière


Pour rendre l'uniforme plus chatoyant il convient en phase ultime d'appliquer un rehaut dans une nuance plus chaude à des endroits spécifiquement exposés à la lumière en épargnant les plis du vêtement. On ira ainsi appliquer une touche légère d'un vert plus lumineux au haut, du dos, à l'épaule à l'avant bras, au plumet etc...


Un coup d'vernis satiné et hop, le tour est joué ! Il n' y a plus qu'à socler !




Étape 8 : le soclage

La règle pressentie "DBN" de KISR http://www.dbnwargaming.co.uk/ prévoit des dimensions de socle pour toutes les échelles de figurine. Nous avons convenu d'adopter les dimensions prévues pour le 28mm mais avec des effectifs en figurines 6mm correspondant au souhait de visualiser une unité entière. Un socle est en effet sensé représenter une brigade environ.

Le support économique est du carton de calendrier, sous lequel on applique un revêtement autocollant aimanté. Par précaution sur la tranche on applique un filet de cyanoacrylate qui prémunit contre le décollement accidentel de la couche aimantée. On aura peint préalablement à la mise en place des figurines le carton avec une peinture acrylique neutre (kaki par exemple) pour protéger le carton de l'humidité lors de l'application de l'enduit. Le porte guidon, figurine remarquable, est placée sensiblement au centre, le reste des troupes est disposé à partir de ce point central pour former le chevron.

Pour nos dragons français nous aurons donc 10 cavaliers par plaquette arrangés en chevron :


On enduit le tout à l'enduit de rebouchage Toupret qui a l'avantage de posséder un grain, en s'aidant des outils adaptés (couteau de peintre à huile, spatule fine, cure dent retaillés etc...).




Dans le frais on vient tapoter avec une brosse en soie de porc humidifiée la surface enduite puis on laisse sécher.

On crée ainsi une surface pleine d'aspérités reproduisant à merveille l'aspect d'un terrain naturel sans avoir à rajouter du sable ou du grain synthétique. Prendre soin d'avoir à disposition un pinceau humide pour nettoyer dans le frais les figurines qui recevraient accidentellement des éclaboussures d'enduit.




Étape 9 : la peinture du socle

Voici une fois sec le socle prêt à recevoir sa finition :


On applique une peinture acrylique PA "terre naturelle"


Un brossage à sec avec une nuance "alezan doré" vient révéler les aspérités du terrain :


Un jus très dilué de brun permet d'ombrer le terrain :



Étape 10 : le flocage

On met la plaquette dans la boîte à flocage et on encolle de manière irrégulière avec de la PVA diluée.


On tartine à foison le socle de flocage composé de flocage en grains GW et de flocage en brins pour modélisme ferroviaire.


On laisse sécher puis on renverse le socle pour enlever l'excédent en tapotant la plaquette au dessus de la boîte. On souffle un bon coup dessus, loin de la boîte à flocage et hop le tour est joué !



Étape 11 : la contemplation    étape à ne jamais négliger

On prend la plaquette on recherche les vestiges de bavures qui méritent des retouches, on contemple son œuvre sous toutes ses coutures en poussant des gémissements de satisfaction, en s'autocongratulant, on prend des photos et on s'accorde une récompense: une sucrerie, un sandwich au pâté cornichon, un verre de whisky c'est selon les goûts.

Pour Wagram il y a environ 180 plaquettes à faire !


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