Cet article présente la réalisation pas à pas
d'une plaquette de dragons de la ligne en 6mm.
Pour l'heure, rinçons-nous l’œil avec cette plaquette de chasseurs à cheval de la ligne. Notez qu'à cette échelle, on arrive encore à faire les taches de peau de panthère sur la schabraque.
Étape 1 : la Préparation
Ne jamais négliger cette phase.
Changer la lame de votre couteau de
maquettiste et ébarbez soigneusement toutes les figurines. Puis collez
les à la colle cyanoacrylate sur de petits tasseaux de bois pour
pouvoir les manipuler sans les toucher. Une fois la peinture terminée on décollera la figurine sans effort en
passant une lame en dessous. Les
doigts laisseraient immanquablement au contact des dépôts gras qui
nuiraient à l'adhérence de la peinture.
Ensuite on nettoie les
figurines avec de l'alcool ménager et un pinceau en brossant
délicatement. On éponge enfin l'excédent avec un papier essuie-tout. Les
figurines sont prêtes à recevoir la sous couche.
Sur la photo on peut
voir les 10 pièces disposées sur deux tasseaux, 5 dragons des compagnies
du centre sur l'un et l'officier, le trompette, le guidon, le dragon de
la compagnie d'élite et un dragon du centre sur l'autre.
Étape 2 : l'application de la sous couche noire
Cette
phase est l'occasion de parler de la technique de peinture dans son
ensemble qui sera déterminée par la nature même de la nuance noire de la
sous couche. Partant d'un fond noir, on peindra les crêtes des reliefs. Il s'agira de peindre la figurine de l'ombre à la lumière en
s'efforçant à chaque application d'une couleur de laisser du noir dans
les creux ou en limite avec une autre couleur. On crée ainsi un ombrage
certes peu subtil mais efficace et adapté à l'échelle. Ce n'est pas sans
rappeler la technique de la ligne claire en bande dessinée. Envisager
d'ombrer les figurines 6mm à la manière du 28mm est illusoire. On peut
pour faciliter la perception de la gravure et des détail à peindre
effectuer un léger brossage à sec gris sur l'ensemble.
Il faut
modérer la dilution afin de garantir l'opacité de la sous couche. Si par
endroit on perçoit un peu le métal ce n'est important, la peinture
acrylique adhèrera tout de par contre il est impératif que tous le creux
soient noirs. Au besoin appliquer localement des retouches. La peinture
utilisée est de la sous couche Prince August appliquée au pinceau
légèrement diluée.
A chaque étape qui suit on effectuera la tâche décrite pour l'ensemble
des figurines bien sûr. La répétition du même geste sur une courte
période permet de gagner effectivement en précision et en rapidité
d'exécution. Pourquoi faire les choses lentement , maladroitement sans
précision alors qu'on peut plus simplement faire cela rapidement,
habilement et avec précision ?
Étape 3: le cheval
Dans la
cavalerie, le cavalier se doit de s'occuper de sa monture avant sa
petite personne. Nous respecterons cette tradition et commencerons par
peindre le cheval. Cela représente la plus "grande" surface à peindre
sur la figurine ; nous aurons ainsi en peu de temps effectué la moitié de
la peinture, ce qui psychologiquement permet de nous dire que le
travail progresse rapidement.
La peinture de la robe des chevaux se
fait en deux temps : l'à-plat et la mise en œuvre de jus et de rehauts.
L'à-plat est réalisé sur l'ensemble de la robe à l'aide de la couleur
dominante en prenant soin de laisser un liseré noir entre le tapis de
selle et le pelage, du noir dans les creux de la musculature, ainsi
qu'en noir le harnachement de cuir. Pour le pelage rester simple et
choisir dans la palette des bruns et marron des teintes courantes. Se
référer à des illustrations, des photos en gardant à l'esprit qu'au
final il s'agit de figurer une unité militaire, trop de bigarrure
nuirait. Seul le cheval du trompette doit se distinguer et être gris
blanc. On privilégiera donc les bais (robe marron plus ou moins rouge et
plus ou moins foncé et crin noir) en s'autorisant un ou deux alezans
(robe marron clair et crin crème ou blanc).
Le rehaut consistera à donner une touche plus lumineuse de la robe en
des endroits précis : la croupe, les muscles saillants, le ventre,
l'intérieur des pattes et l'encolure de l'animal. Cette teinte se fait
en rajoutant de l'ocre ou du rouille, suivant la nuance recherchée, et
non du blanc qui rendrait la robe terne. Seule la robe du cheval du
trompette s'éclaircira avec du blanc. Enfin, on appliquera sur
l'ensemble de la robe un jus dilué d'encre "chesnut ink" de
Gamesworkshop, sauf pour le cheval du trompette. Cette dernière
opération permet d'atténuer les contrastes et de donner un aspect lustré
à la robe du cheval.
L'exemple de la photo est un cheval peint
initialement avec un marron rouge. On constate qu'au final le rendu
parait plus foncé. Il est d'ailleurs difficile d'anticiper l'aspect
final mais même si on a eu la main un peu lourde le rendu se révèle
toujours plus naturel qu'avant l'application du jus. On veillera à avoir
une dilution optimale pour bien diffuser dans les creux, quitte à
revenir à plusieurs reprises pour obtenir un effet satisfaisant.
Étape 4 : les métaux
Il peut
paraître surprenant de traiter les parties métalliques à ce stade mais
étant donnée l'échelle, les détails, peints prioritairement, serviront
de guide pour le traitement des surfaces plus grandes en gardant
toujours à l'esprit la difficulté de préserver un liseré noir à chaque
changement de teinte ou d'objet.
Notez que l'embouchoir (la garniture située au bout du fusil) à la différence de l'infanterie est en laiton.
Étape 5 : les détails
On peindra ensuite tous les autres détails, en s'efforçant toujours de préserver les zones noires citées plus haut.
Pour
le visage il convient d'accorder un soin particulier. On ne peindra que
ce qui permet de d'identifier le caractère humain du visage à savoir
le nez, les pommettes, le menton, les joues, en prenant soin de toujours
préserver un liseré noir à la limite du col et des jugulaires, dans les
orbites, sous et de part et d'autre du nez. Le ton chair utilisé est le
"chair matte" chez Prince August qui couvre bien le noir. Comme pour la
robe du cheval on appliquera un jus d'encre de la nuance "flesh wash" de
GW. Si on a eu la main lourde ne pas hésiter en revenir retoucher avec
la couleur chair.
Pour le reste des détails on se réfèrera utilement à de la documentation
uniformologique sans oublier qu'on cherche un représentation en 6mm.
Beaucoup de détails disparaissent de ce fait : les liserés, les poches,
les parements etc...
Les documents disponibles sur le internet suffisent, on a ainsi par exemple :
http://www.historex.com/crbst_6.html
http://napoleonistyka.atspace.com/index.html
Pour
notre dragon, j'ai retenu le 7ème régiment qui a le cramoisi pour
distinctive et figure parmi les unité sous les ordres de Davout à
Wagram.
On peut voir sur cette illustration d'Eugène Lelièpvre ce maître
de la peinture militaire trop tôt disparu à l'age de 103 ans, un
représentant de la compagnie d'élite du 7ème régiment.
On peut observer compte tenu des approximations mentionnées plus haut
que nos dragons conviendront aussi bien pour le 7ème, 9ème, 10ème ou
12ème régiment.
Notez que le fond de l'uniforme est resté noir à ce stade hormis
quelques bavures malencontreuses qui disparaitront lors de la prochaine
phase.
Étape 6 : le dragon se met au vert
On
vient maintenant peindre le fond vert ("vert chasseur/dragon" de chez
PA) de l'uniforme en suivant au mieux le même principe que
précédemment.
Si des bavures surviennent, rien de grave, l'essentiel
est la vue d'ensemble. Si les zones ombrées et liserés noirs sont
maintenus dans l'ensemble, l'effet est garanti, l’œil de l'observateur
n'y verra que du feu.
Étape 7 : la mise en lumière
Pour
rendre l'uniforme plus chatoyant il convient en phase ultime
d'appliquer un rehaut dans une nuance plus chaude à des endroits
spécifiquement exposés à la lumière en épargnant les plis du vêtement.
On ira ainsi appliquer une touche légère d'un vert plus lumineux au
haut, du dos, à l'épaule à l'avant bras, au plumet etc...
Un coup d'vernis satiné et hop, le tour est joué ! Il n' y a plus qu'à socler !
Étape 8 : le soclage
La règle pressentie "DBN" de KISR http://www.dbnwargaming.co.uk/
prévoit des dimensions de socle pour toutes les échelles de figurine.
Nous avons convenu d'adopter les dimensions prévues pour le 28mm mais
avec des effectifs en figurines 6mm correspondant au souhait de
visualiser une unité entière. Un socle est en effet sensé représenter
une brigade environ.
Le support économique est du carton de
calendrier, sous lequel on applique un revêtement autocollant aimanté.
Par précaution sur la tranche on applique un filet de cyanoacrylate qui
prémunit contre le décollement accidentel de la couche aimantée. On aura
peint préalablement à la mise en place des figurines le carton avec une
peinture acrylique neutre (kaki par exemple) pour protéger le carton de
l'humidité lors de l'application de l'enduit. Le porte guidon, figurine
remarquable, est placée sensiblement au centre, le reste des troupes est
disposé à partir de ce point central pour former le chevron.
Pour nos dragons français nous aurons donc 10 cavaliers par plaquette arrangés en chevron :
On enduit le tout à l'enduit de rebouchage Toupret qui a l'avantage de
posséder un grain, en s'aidant des outils adaptés (couteau de peintre à
huile, spatule fine, cure dent retaillés etc...).
Dans le frais on vient tapoter avec une brosse en soie de porc
humidifiée la surface enduite puis on laisse sécher.
On crée ainsi une
surface pleine d'aspérités reproduisant à merveille l'aspect d'un
terrain naturel sans avoir à rajouter du sable ou du grain synthétique.
Prendre soin d'avoir à disposition un pinceau humide pour nettoyer dans
le frais les figurines qui recevraient accidentellement des
éclaboussures d'enduit.
Étape 9 : la peinture du socle
Voici une fois sec le socle prêt à recevoir sa finition :
On applique une peinture acrylique PA "terre naturelle"
Un brossage à sec avec une nuance "alezan doré" vient révéler les aspérités du terrain :
Un jus très dilué de brun permet d'ombrer le terrain :
Étape 10 : le flocage
On met la plaquette dans la boîte à flocage et on encolle de manière irrégulière avec de la PVA diluée.
On tartine à foison le socle de flocage composé de flocage en grains GW et de flocage en brins pour modélisme ferroviaire.
On laisse sécher puis on renverse le socle pour enlever l'excédent en
tapotant la plaquette au dessus de la boîte. On souffle un bon coup
dessus, loin de la boîte à flocage et hop le tour est joué !
Étape 11 : la contemplation étape à ne jamais négliger
On
prend la plaquette on recherche les vestiges de bavures qui méritent
des retouches, on contemple son œuvre sous toutes ses coutures en
poussant des gémissements de satisfaction, en s'autocongratulant, on
prend des photos et on s'accorde une récompense: une sucrerie, un
sandwich au pâté cornichon, un verre de whisky c'est selon les goûts.
Pour Wagram il y a environ 180 plaquettes à faire !
bravo pour ce tutos très bien fait!
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