Beaucoup de monde, beaucoup de stands. L'édition 2013 du salon de
la maquette fut pour nous l'occasion de confirmer, une fois encore,
notre appartenance à la communauté du modélisme à la pointe du mondede la Bretagne.
Notre
stand, avant l'invasion des visiteurs : 8 tables sur lesquelles toutes
les dimensions, toutes les échelles et toutes les périodes sont
représentées.
Qui sommes nous ? Que faisons nous ? Les questions essentielles.
Nos petits modèles ont suscité la curiosité de nombreux
observateurs, surpris par la finesse des gravures des figurines exposées
et le travail de peinture.
- Du 15 mm ? Et vous arrivez à les peindre ? Et même du 6mm ?
Il faut signaler également la présence de notre excellent ami et
camarade venu d'Outre-Manche, qui a partagé quelques-unes de ces
réalisations. Mark Votier est son nom.
Le peintre est Anglais, les tenues sont donc rouge.
En cours de réalisation, pour un prochain débarquement.
De plus, Mark nous a aidé à animer quelques batailles
d'initiation au jeu d'histoire avec figurines. En effet, l'une des
différences que nous avons avec les modélistes présents au salon est que
non seulement il est possible de toucher nos maquettes, mais que l'on
vous propose de jouer avec elles.
La table proposée au public, sur le thème "Arturus Rex".
La main de Mark conduisant à la Bataille.
Ce festival fut l'occasion de présenter notre loisir au public.
Nous tenons donc ici à remercier l'équipe du MCK non seulement pour
l'ambiance du salon mais aussi l'excellence de son organisation.
Avant la Chouannerie et la Vendée Militaire, des épisodes
sanglants vont secouer la Basse-Bretagne, où la population prendra les
armes contre les abus de la Convention. La répression sera immédiate et
terriblement efficace. Toutefois, la Vendée occultera aux yeux de
l'Histoire ces combats devenus anecdotiques.
L'image en Noir et Blanc n'est pas toujours d'époque...
Pour cette simulation, nous choisissons la règle Muskets and Mowaks, de 2HoursWargame.
Cette règle d'escarmouche, écrite autour de la Guerre de 7 ans au
Canada, est particulièrement adaptée pour cette époque de la "poudre
noire", et donc de la Révolution française. Son principe est basé sur
une série de tests, prenant en compte le moral et la discipline des
combattants (des cavaliers me chargent... je m'enfuis, ou je leur tire dessus?).
Nous sommes donc le 24 mars 1793. Les Républicains (comprendre :
les Forces de la Convention, la Bretagne étant de cœur fédéraliste),
viennent de mater la révolte à St Pol de Léon et à Plabennec, où la
population se soulevait contre la levée en masse de 300.000 hommes
décidée le 24 février pour contrer la coalition des états européens.
Les
insurgés souhaitent couper la route qui mène de St Pol à Brest, en
détruisant un pont franchissant une rivière, près de la ferme de
Kerguidu.
A St Pol, les troupes républicaines sont constituées de Gardes nationaux et de volontaires du Calvados.
A
Lesneven, le Général Canclaux dispose d'un détachement issus des 1.200
hommes en attente d’embarquement pour St Domingue afin d'y contrer la
révolte des esclaves. Les deux colonnes de 300 hommes disposent chacune
également d'un canon. Les insurgés, certainement bien plus nombreux, étaient quant à eux faiblement équipés.
Venant de St Pol, la sensation de traquenard semble évidente...
...et exige des mesures d'urgence.
Comme dans la véritable histoire, les premiers chocs se
déroulèrent sur la rive droite. Mais les insurgés, ne faisant pas le
poids face à la discipline et aux canons des forces de la Convention ne
purent lâcher prise.
La victoire républicaine est logique, et les pertes sont
magnifiées. Si le vainqueur claironne fièrement de 250 à 400 insurgés
tués, les registres des décès des communes n'en dénombrent que 6, dont 2
femmes.
Un peu d'aérien 2° Guerre Mondiale pour décrotter ces bottes pleine de glaise impériale... ça fait du bien de changer un peu.
Il n'est pas évident de représenter du combat aérien sur les deux
dimensions d'une table de jeu. De fait, les règles ne sont pas si
nombreuses si l'on considère les décennies écoulées (déjà...).
Du
coté des "simulationistes" qui souhaitent fournir une représentation
réaliste, tout (ou presque) se joue sur carte avec des pions. Les étapes
principales ont été "Air Force" (1976), le système de J.D. Webster (de
"Air Superiority" en 1987 à "Whistling Death" en 2003, qui semble
revivre récemment avec une extension dans le magazine de Clash of Arms)
et le formidable système "Birds of Prey" (2008).
Du coté des
"joueurs" (qui acceptent une forte abstraction pour fournir un jeu plus
endiablé que technique), à l'ouest encore moins de nouveau... Depuis le
génial système de "Blue Max" (1983, avec une superbe éditions française
nommée "les ailes de la gloire"), pas grand chose de neuf si ce n'est
son adaptation à la seconde guerre mondiale puis au moderne par Scott
Fischer depuis 2007 dans sa série "Check your 6!".
C'est ce dernier système que nous utilisons communément au club pour jouer l'aérien. Tant pis pour le plaisir de la simulation
"réaliste" des mouvements, ça bouge, c'est simple et ça utilise de
jolies figurines d'avions (nous nous sommes tournés vers les Raiden
Miniatures (I-94) au 1/285ème mais tout est possible, le système est
très ouvert).
Pour schématiser, chaque type d'appareil dispose
d'une fiche qui présente les manœuvres possibles. A chaque tout de jeu,
les joueurs programment leurs mouvement "en simultané" et en secret
suivant ce que peuvent faire les avions et ce qu'ils devinent des
intentions de leurs adversaires. Les déplacements sont donc effectués en
simultané suivant les programmations, avec leur lot de surprises...
Il est possible de jouer des scénarios simples ou des campagnes
plus ou moins complexes dont le déroulement dépend des résultats
successifs.
D'expérience, le système est très accessible pour les
débutants et les parties ont très peu de temps morts. Plusieurs livrets
d'extensions ou de scénarios permettent d'aller batifoler au dessus de
tous les champs de bataille de la seconde guerre mondiale mais aussi des
conflits plus récents (Corée, israélo-arabe, Vietnam...) avec un
système commun.
En somme, c'est beau et ça bouge bien. Que demander de plus ?
Une nouvelle séance de DBN sur la campagne de Russie, cette fois
pour un premier test d'un scénario pour proposer une future initiation
au public.
Valoutina-Gora, c'est la banlieue est de Smolensk, la
ville sainte. En août 1812 Napoléon pense que les Russes viennent de lui
offrir une chance historique de remporter la campagne en défendant la
ville, symbole religieux que personne ne laisserait aux Français... Il
ordonne donc le siège de la ville, 3 jours d'assauts furieux face à des
murs médiévaux contre lesquels la Grande Armée est mal équipée. Mais au
matin du 19 août, alors que les défenses s’effondrent, les Français
constatent que l'armée russe a évacué la ville pendant la nuit. Les
corps français entament la poursuite dans la plus grande improvisation.
Au nord, impossible de rattraper les Russes, qui ont trop d'avance.
Mais
à l'est, le corps de Tchoutkov, qui couvrait la retraite du train
d'artillerie, s'est perdu dans des marécages et est toujours à porté !!!
Ney, toujours bouillant, fonce, plus ou moins soutenu par Junot et ses
westphaliens. Junot ne s'est jamais vraiment remis d'une blessure à la
tête (un coup de sabre reçu en Espagne) mais personne ne veut
l'admettre, et l'on blâme plutôt ses mauvaises relations avec
l'état-major westphalien.
Au centre du champ de bataille les deux corps russes de Tchoutkov
et de Baggovout. A gauche de l'image, les deux corps français de Ney et
de Junot qui entament le combat.
Les Français ont l'avantage en
qualité de troupes, et une quasi-parité numérique. De plus Ney est un
chef redoutable et dispose entre autres de la remarquable brigade de
cavalerie lourde saxonne, un avantage indéniable.
Pour autant, les
Russes ne sont pas de simples victimes offertes en sacrifice. Si ils
sont en infériorité numérique, ils disposent de plusieurs unités de
grenadiers qui renforcent encore leur solide infanterie. De plus leurs
cosaques ne peuvent être négligés même si ce ne sont pas des troupes de
choc.
Au nord, Ney fonce et crée un désordre dans les rangs russes par
une manœuvre de flanc. Il ne faut pas traîner, l'objectif des Français
est soit de faire traverser la rivière à un maximum de brigades, soit de
démoraliser complètement les russes au plus vite.
L'objectif est
de poursuivre le gros de l'armée, pas de remporter une victoire facile
sur une fraction négligeable des forces ennemies.
Hélas au sud, Junot se montre franchement apathique et sa
progression est bien plus lente qu'espérée et n'épaule pas efficacement
Ney. Les Français ont historiquement remporté une petite victoire mais
sans pouvoir rattraper le gros de l'armée russe.
Ce combat
est atypique puisque l'avantage des généraux français est moins évident
que lors des autres batailles de la campagne (Ney est excellent mais
Junot n'est pas meilleur que les Russes, généraux très braves mais
manœuvriers moins énergiques que les Français par goût, par doctrine et
par une moindre efficacité des état-majors).
Dans notre petite
partie les Russes ont fait un peu mieux que dans la réalité: quoi que
malmenés dès le début par le corps de Ney ils ont résisté solidement et
les deux armées se sont effondrées au même moment. Match nul tactique et
donc une petite victoire stratégique pour les russes dont la retraite
vers Moscou sera un peu plus calme. Aurons-t'ils le temps de mieux
fortifier Borodino ?
Décidément, il existe des lieux maléfiques pour les Occidentaux.
Alors que les siècles n'effaçaient pas la désastreuse défaite des
Légions romaines à Carrhae, en 53 avant notre ère, une armée européenne
se présentait de nouveau sur cette même route afin d'assurer de façon
définitive son empreinte en Orient. Nous sommes en 1104. C'est le temps
des Croisades, et Carrhae s'appelle désormais Harran.
A la
tête de l'armée croisée, Beaudoin du Bourg, comte d'Edesse, et futur roi
de Jérusalem. Il commande une armée hétéroclite d'un peu plus de 10 000
hommes, de la piétaille en majorité. En face, la cavalerie légère
turque et les troupes syriennes les attendent.
La situation au départ, sur la route de Mossoul.
Les chevaliers croisées se précipitent au contact... il est vrai que l'herbe semble plus verte dans cette direction...
...alors que la nasse musulmane se referme.
Le résultat ne se fait pas attendre. Beaudoin tombe, comme dans
l'Histoire, la Vraie. Il sera effectivement capturé, ainsi que son
cousin Josselin de Courtenay. Libéré en 1108, après une tentative
avortée d'évasion, il deviendra roi de Jérusalem en 1118.
La bataille de Harran marque un tournant dans l'histoire des Croisades, et marque la fin de leur expansion vers l'Est.
Après Borodino
les Français ont pris Moscou et profitent d'un début d'automne encore
clément pour se remettre des épreuves de la campagne. Mais l'armée russe
n'a pas été détruite et l'Empereur s'inquiète de ne pas avoir
d'informations précises sur sa position et ses intentions.
Le corps de cavalerie de Murat est stationné au sud de Moscou, soutenu par l'infanterie du corps polonais de Poniatowski.
Les
cavaliers, confiant après leur participation brillante à la bataille de
la Moskova (Borodino) ne semblent néanmoins pas accueillir les tâches
ingrates de la reconnaissance avec enthousiasme. C'est ainsi qu'ils ne
repèrent absolument pas l'approche de la 2° armée de l'Ouest commandée
par Koutousov.
La situation est dramatique, car la
principale force de cavalerie française en Russie bivouaque avec
insouciance autour de Winkowo alors que l'ennemi a quitté son camps de
Taroutino pour l'attaquer à l'aube, 40000 hommes contre 26000.
Heureusement les brigades d'infanterie polonaise ont disposée un mince
rideau de tirailleurs au sud qui va servir d'alarme.
Le vieux général n'est pourtant pas enchanté de se trouver là. Si
ses compétences de commandant ont pu être discutées, son talent de
courtisan est incontestable, et il sait fort bien que l'ordre
d'offensive qu'il a reçu d'Alexandre sont le fait du général Bennigsen.
Celui-ci
(comme bien d'autres) pétitionne auprès de son empereur pour obtenir le
commandement en chef à la place de Koutousov et souhaite donc obtenir
une victoire qui soulève l'enthousiasme de la Russie. L'imprévoyance
coupable de Murat est bien prêt de la lui offrir.
Koutousov ne
peut pas s'opposer à cela, mais en tant que commandant en chef il passe
la veille à "réorganiser des détails" du plan et à affecter à Bennigsen
un état-major déjà critiqué pour son manque de compétence.
Les Français au bivouac, chevaux dessellés, alors que les Russes manœuvrent en lisière sud pour lancer l'assaut.
Qui oserait accuser le chef russe d'avoir "savonné la planche" de
son rival ? N'est-ce pas plutôt un effet des hasards malheureux de la
guerre ? Toujours est-il que l'aile droite de Bennigsen n'est pas en
position comme prévu à 4 heures du matin.
Les corps de l'aile
gauche (commandés par des officiers moins propres à menacer la place de
Koutousov) sont parfaitement prêts et entament leur attaque.
Heureusement, les quelques tirailleurs polonais font écran, et si ils ne
peuvent arrêter l'avance des soldats en vert... sauf à l'est, ou
Bennigsen n'est toujours pas en place pour l'attaque.
Les
Russes ont emporté une belle victoire à Winkowo, mais la bataille n'a
pas tourné au désastre prévisible. L'alarme des tirailleurs a donné aux
cavaliers les quelques minutes dont ils avaient besoin et quand la vague
russe les a atteint ils étaient désorganisés mais en selle.
Leur
expérience et leur valeur a fait le reste, et une série de combats
désespérés leur a permis de reculer en bon ordre vers le nord. Ils ont
abandonnés leur campement mais restent une force combattante intacte.
Koutousov
expliquera à tous que ce demi-succès stratégique est du au retard de
l'aile de Bennigsen, et obtiendra son blâme pour cet échec.
... il n'était pas le chef pour rien...
Au lendemain de Winkowo, Napoléon est persuadé qu'il sera
impossible d'hiverner en Russie avec l'armée de l'ennemi libre de ses
mouvements autour de Moscou. Il décide donc de rapatrier son armée vers
les provinces de Prusse, c'est le début de la retraite de Russie...
Quoi de plus classique que la bataille d'Azincourt ? La piétaille
anglaise (pardon, galloise) tirant aux pigeons sur l'arrogante
chevalerie française qui voit ici l'une de ses défaites les plus
humiliantes. Pour beaucoup, Azincourt est le champ du cygne de la
chevalerie. J'avais dit pigeon ?
le
champ de bataille : les anglais, inférieurs en nombre, attendent les
Français qui ne manqueront pas de se précipiter dans le piège.
L'Histoire n'a pas été réécrite. Dès le premier choc, les
chevaliers français ont été mis à mal, et ont laissé le champ libre aux
Anglais, libres de poursuivre leur chemin pour rentrer chez eux.
Et si ? Et si les Français avaient laissés l'infanterie prendre
initiative ? Nous avons rejoué cette option. Le résultat fut, bien sûr,
fort différent. Les Anglais battus, Henry V capturé, il est fort à
parier que la face du monde eut été changée.