Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

lundi 29 mai 2023

Barbaresques !

En cette fin du XVIIIème siècle, naviguer en Méditerranée occidentale pour les Européens n'était pas de tout repos. Comme nous l'avions déjà vu dans un précédent scénario, les rencontres n'étaient pas rares avec les nombreux corsaires barbaresques établis dans les ports maghrébins, alors sous tutelle ottomane.

Ces "pirates" étaient non seulement d'excellents marins, mais disposaient également de navires à la fois légers et rapides qui excellaient dans ce type d'aventure : les chébecs. De plus, leurs navires pouvaient s'éloigner de leurs bases, et lancer des raids sur toute proie passant à leur portée.


Sur notre table, deux navires européens croisent des pirates barbaresques. En fait, ce sont deux groupes concurrents qui vont tâcher de s'emparer des marchands malchanceux. Nous jouons sur la règle d'Osprey Fighting Sail, légèrement amendée. En effet, si la règle a été écrite pour jouer facilement de petites escarmouches navales, elle ne donne pas les caractéristiques de jeu pour les chébecs. Nous choisissons les valeurs suivantes :



De plus, afin de simuler les qualités manœuvrières des chébecs, les valeurs à atteindre en fonction de l'allure (la position du navire vis-à-vis du vent) sont baissées de 1 point, de 2 points s'il est bout au vent Ainsi, par exemple, si le chébec reçoit le vent de face ("bout au vent"), il doit obtenir 4 et non 6 pour gagner un point de manœuvre.

Mais place au jeu...


Alors qu'ils naviguent paisiblement, les vigies des lourds navires marchands voient des navires qui fondent sur eux. Il est trop tard pour les esquiver.



Le chébec de tête tire sur l'un des marchands, alors que celui qui le suit semble vouloir barrer la route des deux derniers, ceux qui ont des voiles rouges.



Le doute s'installe sur les passerelles...



Les échanges de tirs n'ont pas été véritablement efficaces, le hardi chébec se jette sur sa proie, et l'aborde, sous le regard des voiles rouges qui ne perdent rien du spectacle.


D'ailleurs, le deuxième navire du premier groupe tente d'interdire aux "rouges" de se rapprocher des marchands. Il s'ensuit un duel d'artillerie entre les pirates.


Mais entretemps, le premier "rouge" parvenait à aborder le premier marchand, qui venait d'être capturé par les "blancs". Le "rouge" sera repoussé.



Avec son équipage de prise, le marchand s'éloigne du danger, alors que le second chébec "blanc" engage son concurrent le plus menaçant.



Ce dernier revient à la charge et se lance une nouvelle fois à l'abordage du marchand, mais un tir particulièrement bien ajusté lui fait renoncer à poursuivre son action.



Il doit alors laisser sa proie filer, le premier chébec blanc défendant jalousement sa prise.



L'autre marchand, quant à lui, est capturé par les "rouges" sans de véritable compétition avec les "blancs", qui préfèrent assurer leur première prise.


Chaque groupe aura donc gagné un navire. Les corsaires pourront rentrer, l'un à Tunis, l'autre dans un port isolé avec leurs butins respectifs.

lundi 15 mai 2023

Cérignole, 28 avril 1508

En ce printemps 1508, la présence française en Italie est de plus en plus délicate. Ferdinand le Catholique, le roi d'Espagne, y a envoyé celui qui est certainement le meilleur général de son temps : Gonzalve de Cordoue, également connu sous le sobriquet de "el Gran Capitán". 

Nous sommes ici à une période charnière de l'histoire militaire. L'art de la guerre est en pleine mutation, et de nouveaux types d'unités, s'appuyant sur de nouvelles technologies, font leur apparition. Ainsi, Gonzalve de Cordoue va théoriser l'emploi des Coronelía, ancêtres des fameux Tercios espagnols.

Au JHP, nous avons l'habitude de jouer sur certaines règles antiques-médiévales, qui ne sont plus tout à fait adaptées. C'est pourquoi nous avons ici choisi la règle "Stratégiké époque moderne", qui couvre la période allant de la fin du moyen-âge jusque la Révolution française. Autre avantage, et pas des moindres : elle est de la famille des DBx, et ne pose aucune difficulté d'apprentissage à nos joueurs habituels de DBA .



Chaque armée dispose, comme à DBA, de 12 plaquettes. Les bases du jeu restent globalement les mêmes. De nouveaux types d'unités font bien sûr leurs apparitions, avec de nouvelles caractéristiques pour le mouvement, les formations, ou le combat.

Le champ de bataille vu du côté français. L'avant-garde, sous le commandement de Louis d'Armagnac est composée de gendarmes. L'artillerie est au centre, l'infanterie placée juste sur son arrière. La cavalerie légère est tenue en réserve, avec l'infanterie légère.

Le dispositif est différent chez les Espagnols. En première ligne, les arquebusiers sont protégés par des talus érigés à la hâte. Les piquiers sont au centre, et barrent la route qui mène à Cérignole. L'artillerie, moins puissante que l'artillerie ennemie, est placée sur une hauteur, à gauche du dispositif. Elle est flanquée par les unités de génétaires. La cavalerie lourde est en réserve.


L'armée de Louis d'Armagnac engage le combat. Alors que la puissante artillerie française ouvre le feu  sur les positions espagnoles, les gendarmes qui composent l'avant-garde attaquent l'aile droite ennemie.


Les Espagnols ne sont pas passifs. Les génétaires viennent provoquer les Français, dans l'idée de contourner l'artillerie, dont les tirs, pour l'instant, n'ont pas véritablement eu de réel effet.


La réaction française est immédiate et efficace. Une unité de cavaliers légers est repoussée, et l'autre, désormais isolée, hésite à poursuivre son attaque.

Alors que l'artillerie française fixe l'infanterie espagnole, les gendarmes parviennent à contacter leurs homologues espagnols dans un rapport de force qui leur est, a priori, favorable. Mais parmi leurs adversaires se trouve el Gran Capitán...

Sur l'aile droite française, les génétaires reviennent à la charge. Cette fois, ils prennent le dessus, et massacrent avec une certaine virtuosité leurs malheureux adversaires.


Le coup de grâce vient de la première ligne. Les Français ne parviennent pas à passer, et Gonzalve de Cordoue fait des prodiges. Avec un total de quatre pertes contre trois, les Français démoralisent et se retirent.

Notre résultat sur table a rejoint le résultat historique.
Après Cérignole, les Français furent définitivement expulsés de Naples.

mardi 2 mai 2023

Aspern-Esling - 21 mai 1809

Après que Napoléon a réussi à repousser l'offensive autrichienne sur la Bavière, les armées des deux Empires se retrouvent de part et d'autre du Danube. Napoléon s'empare de Vienne pendant que les troupes de Charles sont cantonnés sur la rive nord dans la région de Wagram.

Napoléon décide alors d'une manœuvre audacieuse et fait construire des ponts par delà le Danube afin de faire traverser son armée et ainsi affronter les troupes de Charles.

Le 20 mai au soir, depuis la tête de pont sur l'ile Lobau, l'avant-garde française parvient à prendre pied sur le rive gauche du fleuve en s'emparant des communes d'Aspern et d'Esling. Le corps de Masséna renforce ses positions durant la nuit mais au matin, les ponts sont endommagés et l'armée est bloquée sur Lobau.

Charles ne prend pas conscience de suite de la situation périlleuse des troupes françaises et ce n'est qu'en début d'après-midi qu'il donne l'ordre d'attaquer.

Pour jouer cette première journée de la bataille d'Aspern-Essling, nous utilisons la règle Blücher.



 
La cavalerie de Kienmayer s'approche d'Essling mais... 
 
... est aussi tôt chargée par la cavalerie légère française sous les ordres de Lasalle.
 
 
Si les chasseurs voient leur charge contre les dragons repoussée, les hussards sont en revanche héroïques. Après avoir détruit l'artillerie à cheval, ils font face aux cuirassiers autrichiens venus en renfort ...

... et parviennent même à les repousser.

Du côté d'Aspern, Masséna adopte une posture plus défensive face à l'avancée des hommes d'Hiller.

Téméraire, la cavalerie autrichienne tente de charger l'artillerie lourde française retranchée et se fait accueillir par une salve de boulets.
 
Persévérante, elle récidive de suite pendant que de l'autre côté du village,
infanterie et artillerie de Nordmann tirent sur les troupes françaises.

Pendant ce temps là, les cuirassiers d'Espagne, venue mettent à mal leurs homologues autrichiens ...

... alors même que le IVème corps, commandé par Rosenberg, approche d'Essling.

Mais l'espoir des autrichiens d'écraser par le nombre les troupes françaises bloquées sur cette rive du Danube vacille bientôt : les renforts français arrivent eux aussi depuis les bois au sud.

D'autant que si les troupes d'Hiller parviennent à repousser la tentative de contournement, via les marais, de l'infanterie légère française et que la cavalerie, dans une énième charge réussira enfin à détruire une partie de l'artillerie ...

... celle-ci, en terrain difficile, sera aussitôt mis en débandade par une charge combinée d'infanterie.


Peu aidés par des jets d'activation guère chanceux, les Autrichiens ont trop tardé à avancer et doivent se rendre à l'évidence : ce ne sera pas en ce 21 mai 1809 qu'ils parviendront à repousser les Français dans le Danube. Ils devront retenter leur chance le lendemain.