Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

mardi 31 mai 2022

Attaque dans le Danelaw

Nous sommes en 902 de notre ère. Quelques années auparavant, Alfred le Grand sort vainqueur d’une attaque danoise menée par Guthrum.

A l’issue de cette victoire, Alfred conclut un traité de paix qui fixe les frontières du Danelaw et accorde l’autonomie des Danois dans la région du Kent.

Cela n’empêche pas les incursions vikings régulières dans le territoire, et les Anglo-Danois doivent se battre contre leurs anciens frères d’armes pour conserver ce petit royaume au cœur de l'Angleterre.


Nous sommes dans un petit village du Kent. Une incursion viking particulièrement virulente s’engouffre dans les terres du Danelaw. 

Pour les Vikings comme pour les Anglo-Danois, le but est de gagner, ou maintenir, le plus de territoire possible.


Dans cette partie de Pillage, chaque maison capturée en fin de partie rapporte un point de victoire.
Le contrôle de la place de la tour rapporte quant à lui 2 points de victoire.


Les armées sont équivalentes et chacune est divisée en deux groupes, avec un chef à la tête de chaque groupe.


C’est le calme avant la tempête dans ce petit village du Danelaw. Prévenus par les rumeurs d’hommes en armes, les habitants ont fui, emportant avec eux le peu de richesses qu’ils avaient : bétail, outils, quelques meubles.

Au cœur du village se situe la place de la tour. En effet, une tour surplombe la plaine sur un petit promontoire rocheux. A ses pieds, une ancienne villa romaine convertie en ferme.
C’est là, au cœur de la bourgade, que les armées saxonnes et danoises vont s’affronter le plus durement…


Les Anglo-Danois, convertis à la religion catholique, s’approchent du village à pas redoublés. Ils doivent à tout prix reprendre la main sur leur territoire et consolider leurs forces. 


Séparés en deux groupes, ils doivent faire face à un paysage vallonné et à une rivière bloquant le passage. Chaque groupe choisit de ne pas se risquer à traverser le cours d’eau à pied et s’oriente vers les petits pontons de bois étroits qui servent de passerelles pour traverser les eaux troubles.


En face, pour les troupes vikings c’est beaucoup plus simple. Une route rejoint le cœur du village, il n’y a qu'à l'emprunter pour arriver à destination…


C’est d’ailleurs ce que font les troupes du nord. Rapidement les premiers guerriers nordiques arrivent sur la place de la Tour et compte s’y installer avant l’arrivée de leurs adversaires.


Les Anglo-Danois sont un peu à la traîne. Après avoir envoyé des guerriers investir les chaumières croisées sur le chemin, les troupes s’apprêtent à traverser les pontons de bois sous la bannière du Saint Père.


Erreur ou volonté tactique ? Une chaumière n’a pas été visitée et un guerrier Anglo-Danois rebrousse chemin en vitesse pour investir la demeure.


La traversée des pontons s’avère difficile. L’espace n’est pas large et les hommes défilent les uns après les autres. Heureusement, les archers en face ne sont pas encore positionnés pour les accueillir…


Les Vikings sont désormais au pied de la tour, leur objectif est clair : investir cette dernière puis se barricader pour attendre les renforts. Occuper le territoire le plus longtemps possible.


Cependant, ils sont pris de court. Un guerrier Anglo-Danois se précipite, saute par-dessus un talus de ronces, ouvre la porte en grand et la referme aussitôt derrière lui.
Il n’a cependant pas le temps de se barricader. 


De l’autre côté du village, où se trouve le second ponton, les Anglo-Danois ont traversé et se sont eux aussi précipités dans la première chaumière venue.
C’était la volonté des troupes vikings, qui bavent de rage à l’idée de ne pas être arrivés plus tôt. Qu’à cela ne tiennent, les guerriers forment la ligne, prêts à accueillir leurs adversaires comme il se doit. 


Sur l’autre rive, un archer solitaire tente à lui seul de renverser le cours de la bataille…
Ce sera pour une autre fois hélas…


Les Anglos-Danois chargent. Le combat s’annonce difficile. Les troupes vikings sont revigorées par la présence de leur bannière et ne sont pas prêtes à lâcher du terrain.


Au pied de la tour, les lames s'entrechoquent. Après avoir enfoncé la porte et tué l’occupant, les Vikings investissent à leur tour l’édifice avec un seul guerrier. Il n’a pas le temps de fermer la porte qu’un Anglo-Danois se présente à l’entrée.

L’un des chefs anglo-danois se détache de ses troupes pour partir vaillamment à l’assaut de ses ennemis.


De l’autre côté du village, la chaumière est toujours aux mains des Anglo-Danois. Cependant, le combat fait rage juste devant la porte et tourne à l’avantage des Vikings, plus lourdement armés et sous la bénédiction d'Odin.


Au pied de la tour le constat est le même. Le guerrier anglo-saxon qui s’était précipité dans l'encablure de la porte est occis et laisse la place libre pour l’envahisseur normand qui s’engouffre dans la tour.

Les archers vikings arrivent également à blesser un adversaire au travers de la mêlée générale.


De l’autre côté du village, c’est peine perdue pour les Anglo-Danois. Les pertes sont terribles. Malgré les Housecarls présents, la bataille tourne en leur défaveur. 


Au cœur du village et au pied de la tour, c'est la mêlée. Les cris fusent de toute part, le chaos est total. L’avantage est aux Vikings mais la présence de la Sainte Bannière est un atout considérable pour les Anglo-Danois.
Ce ne sera pourtant pas suffisant. Les pertes sont trop nombreuses. Le chef Anglo-Danois est désormais acculé, entouré de troupes ennemies il ne pourra que se rendre…


Conclusion :

4 points de Victoire pour les Anglo-Danois

5 points de Victoire pour les Vikings


La partie a été serrée jusqu’à la fin où les Vikings ont pris un avantage sévère en faisant place nette au pied de la tour.

La partie a permis d’ajouter quelques améliorations à la prochaine version des règles de Pillage.
Merci donc aux joueurs présents pour leurs retours constructifs et pour leur engagement dans la partie !

dimanche 29 mai 2022

Montlhéry 1465

Louis XI s'était mis la noblesse à dos. Entre mesures vexatoires et remise en cause des droits féodaux des Grands du royaume, rien d'étonnant que ces derniers se liguent et conspirent contre le roi. Les ligueurs publient un manifeste, visant à remédier au "désordonné et piteux gouvernement" de Louis XI, et à mettre le ô combien manipulable duc du Berry à sa place.

La Ligue du Bien Public regroupe ainsi, autour du duc du Berry Charles de France, qui n'est autre que le frère de Louis XI, de nombreux princes parmi lesquels le duc de Bourbon, le duc de Bretagne, le duc de Lorraine, le duc de Nemours, et le brillant Charles, comte de Charolais et héritier du duché de Bourgogne : le futur Charles le Téméraire.


Le roi rassemble son armée, et marche contre le Bourbonnais, faisant revenir à la raison de nombreux nobles séditieux. Mais entretemps, les Bourguignons assiègent Paris, et les Bretons sont en route pour les rejoindre. Craignant d'être piégé, Louis remonte en urgence vers la capitale qui résiste aux Bourguignons. Les deux armées se rencontrent le 16 juillet 1465 à Montlhéry, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris.


À la lumière blafarde des néons de la salle du club, le champ de bataille semble moins lumineux que ce qu'en laisse paraître les enluminures. Mais voyez plutôt... 


L'armé bourguignonne découvre l'armée royale qui s'appuie sur le bourg de Montlhéry. L'avant-garde, commandée par Pierre de Brézé, compose l'aile droite. Le corps de bataille, sous les ordres de Louis XI, est au centre, renforcée par l'arrière-garde du comte du Maine.

Les Bourguignons, quant à eux, disposent d'une plus forte artillerie. L'avant-garde du comte de St Pol, qui avait néanmoins reçu l'ordre de reculer, gardait l'aile gauche. Le centre était tenu par Antoine, Bâtard de Bourgogne, alors que le comte de Charolais était à droite. Charles était confiant : il disposait d'une artillerie bien supérieure.

La partie est jouée sur la version 3 de la règle De Bellis Antiquitatis (DBA). Chaque armée dispose toutefois de 19 plaquettes, portant le seuil de démoralisation à 7 pertes au lieu de 4.

Le roi Louis avait hésité à engager Charles, il s'en remettait désormais à la Providence

De son côté, Charles croyait d'avantage dans l'usage de la force brute

Un premier détachement bourguignon s'avance vers Montlhéry

Pierre de Brézé descend de sa position, et lance la contre-attaque...

...alors que le Bâtard de Bourgogne s'apprête à l'accueillir

Les deux armées se déploient, les choses sérieuses vont pouvoir commencer

L'artillerie bourguignonne tonne, avec un certain succès, sous les échanges de volées de flèches

La cavalerie du comte du Maine est repoussée par les Bourguignons

Mais le centre de Charles est sous le feu ennemi, et risque d'être pris en tenaille

Effectivement, le roi Louis mène la charge française, qui bouscule tout sur son passage

A Montlhéry, la population commence enfin à respirer : la messe semble dite

Les combats sont acharnés, et les hommes de Charles sont repoussés

Les Bourguignons résistent tant bien que mal, mais ne parviennent pas à se ressaisir...

...pour, finalement, laisser le champ de bataille au roi de France

Ce combat, entre deux armées relativement similaires, fut sanglant. Louis XI gagne, 7 pertes infligées contre 5 subies. Les risques qu'il a pris sur notre table auraient pu lui faire perdre sa couronne. Leçon à méditer, pour les futurs combats à venir...

vendredi 13 mai 2022

Dorylée 1097

 

A l’appel de Pierre l’Ermite, une armée de chevaliers et de barons occidentaux prend la route vers l’est pour délivrer Jérusalem au cours de la seconde moitié de l’année 1096. Cette armée se regroupe d’abord à Constantinople au printemps 1097 puis continue son périple vers le Moyen Orient et prend la ville de Nicée après un siège difficile. 

Après la reddition de Nicée, cédée aux Byzantins, les Croisés quittent la ville entre le 26 et le 29 juin et poursuivent leur chemin vers la Palestine en traversant en diagonale le plateau d’Anatolie. Pour des raisons logistiques, les croisés se répartissent en deux armées qui se suivent à peu de distance. La première armée se compose de deux corps. 

Le sultan seldjoukide, Kilij Arslan, qui règne sur l’Anatolie et a déjà écrasé la croisade des paysans qui avait précédé celle des seigneurs, sous-estime complètement cette nouvelle menace et est en train de guerroyer à l’est contre un de ses voisins au moment de la chute de Nicée. Il décide de faire la paix avec Gazi Ahmed Bey, son adversaire de la veille et bat le rappel des Seldjoukides. Gazi Ahmed Bey lui apporte même le concours de ses troupes. 

Le 1er juillet 1097, l'avant-garde des Croisés, les Normands d'Italie de Bohémond, arrive à la hauteur de la ville de Dorylée, dans une zone montagneuse propice aux embuscades. 

Les Croisés sont immédiatement assaillis par les forces de Kilij Arslan. Les Turcs qui épiaient les Croisés depuis Nicée, choisissent un moment où Bohémond et ses soldats se sont écartés du reste de la troupe. Bohémond fait aussitôt mettre sa troupe dans une position défensive en cercle et envoie des messagers pour prévenir la seconde armée, commandée par Godefroy de Bouillon.

C’est le point de départ de notre partie, jouée avec la version 4 de la règle l’Art de la Guerre.



Les Seldjoukides lancent l’assaut sur la ligne défensive des croisés, composée essentiellement de sergents à pied, munis de lances ou d’arbalètes.

Très vite, les Turcs appliquent leur tactique de débordement, en utilisant leur cavalerie légère, mais les lourdes armures des croisés leurs permettent d’encaisser la plupart des tirs sans dommage.




C’est alors que surgissent les renforts envoyés par la deuxième armée de Croisés, composés uniquement de chevaliers, menés par Godefroy de Bouillon et Raymond de Saint-Gilles. Ce dernier a contourné l’armée turque et les prends à revers alors que Godefroy arrive de flanc, directement sur le corps de cavalerie lourde des Turcs.

Alors que Godefroy qui a divisé ses troupes se rue fougueusement à l’assaut pour essayer de dégager son camp, il se trouve bientôt pris à revers par les cavaliers légers turcs qui ont réussi à le tourner. 

 Les Croisés qui n’ont évidemment peur de rien, se lancent dans une charge effrénée mais se retrouvent cernés de toute part.



Godefroy se bat comme un furieux et se débarrasse de son premier adversaire alors que son corps d’armée s’amenuise.



Après plusieurs heures de combat acharné, Godefroy se retrouve isolé au milieu d’une nuée de Turcs, mais il tient bon et repousse tous les assauts ennemis, leur infligeant même de sérieuses pertes et affaiblissant leur moral.






Pendant ce temps, le camp des croisés tient toujours bon et les Turcs n’arrivent pas à s’en approcher.



L’infanterie seldjoukide qui a pu rejoindre les combats se heurte aussi aux fantassins lourds et est repoussée avec quelques pertes ; le moral médiocre de cette infanterie ne les aide pas à se lancer à l’attaque.



Finalement, voyant que son assaut sur le campement franc est repoussé et se sentant menacé sur son arrière par les chevaliers de Raymond de Saint Gilles, Kilij Arslan décide d’ordonner la retraite. 

Tout comme en 1097, notre champ de bataille a accouché du même résultat, avec une victoire tactique des Croisés. Ces derniers poursuivront jusqu’à Jérusalem, mais ceci est une autre histoire.

mercredi 11 mai 2022

Quousque tandem...

Quousque tandem abuter, Catilina, patientia nostra ?  Par ces mots ("jusque quand vas-tu abuser de notre patience, Catilina ?"), Cicéron dénonce la nouvelle tentative de coup d'état de Lucius Sergius Catilina. Ce dernier s'appuyait sur des vétérans de Sylla et de la Nobilitas, défaits lors de la guerre civile qui s'était achevée quelques années plus tôt. Catilina doit s'enfuir, et rejoint les deux Légions de son complice Manlius en Étrurie. Il est déclaré hostis ("ennemi public", alors que ses partisans, restés à Rome, sont systématiquement massacrés.

Catilina marcha vers le nord en suivant des routes peu fréquentées. Mais, ayant trouvé la Via Æmilia barrée à la hauteur de Bologne par trois légions, il se replia vers l’ouest et s’arrêta près de Pistoria, où il fut rejoint pas les trois Légions envoyées contre lui par le Sénat.



Ces évènements dramatiques sont l'occasion pour nous de tester la règle "Wars of the Republic" éditée par Osprey. Le système de jeu accepte n'importe quel type de soclage ou d'échelle, et casse le déploiement classique bien trop linéaire que l'on trouve dans la plupart des autres règles (les unités doivent d'ailleurs rester espacées). De plus, certaines unités disposent de capacités spéciales correspondant à des modes opératoires particuliers (une unité de Légion, par exemple, peut passer d'ordre lâche à un ordre compact, lui apportant des bénéfices spécifiques). L'originalité de la règle tient dans la gestion de points de commandement ("Commander's Gaze") qui permettent de prendre l'initiative ou faire des actions spéciales tout au long de la partie.

Mais revenons à nos moutons...

Les Légions loyalistes, commandées par le légat Marcus Petreius, se déploient dans la plaine

Les hommes de Catalina sont inexpérimentés, et leur seul atout est, pour l'instant, de camper sur une hauteur

Les loyalistes s'approchent des positions rebelles, échangeant javelots, balles de frondes et flèches

Petreius lance l'assaut sur les forces rebelles

Les troupes légères de Catalina se défendent vigoureusement, mais ploient finalement

Légion contre Légion, le combat parait équilibré...

... mais la cavalerie de Petreius l'emporte sur l'aile gauche insurgée...

...et c'est le glaive à la main que Catalina, à la tête de son unité, voit son rêve et sa vie brisés.

La conclusion de notre scénario a rejoint le résultat historique. Wars of the Republic est une petite règle dynamique facile à jouer, qui semble assez bien adaptée pour mettre sur table de "petites" batailles. Le résultat tombe très vite : chaque perte impacte les points de commandements disponibles, ce qui réduit les possibilités tactiques, et accélère la perte d'autres unités.