Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

samedi 24 juillet 2021

Force X

Afin de contrer les actions de corsaires allemands dans l'Atlantique sud, un groupe de chasse est déployé à Dakar, sous les ordres de l'amiral Émile Duplat. La Force X est composée du croiseur de bataille Strasbourg, des croiseurs lourds Algérie et Dupleix, du porte-avions britannique HMS Hermes et de trois contre-torpilleurs de la 3ème DCT : Le Fantasque, L'Audacieux et Le Terrible.

Le 25 octobre 1939, l'Algérie, en patrouille avec Le Terrible et Le Fantasque, aperçoit sur son bâbord un bâtiment qui navigue tous feux masqués.


Les photos sont trompeuses : il est 4h30 du matin, la lune sera pleine dans 3 jours. Au loin, une silhouette massive se dessine sur l'horizon.

Les Français se rapprochent du navire inconnu, mais ce dernier change brusquement de route

Ils tentent alors de l'envelopper, l'Algérie et Le Fantasque par bâbord, le Terrible par tribord

Le Terrible parvient à récupérer le fuyard, et l'identifie : c'est le Graf Spee
Les canons, pour l'instant silencieux, vont donner de la voix

Premiers coups échangés : des dégâts aux superstructures, sans trop de conséquences

Alors que le Fantasque prend cher, le Terrible tire toutes ses torpilles sur le cuirassé de poche, sans succès

Le Graf Spee tente d'échapper à ses poursuivants, affaiblis, mais bien plus rapides

Le Terrible parvient à barrer la route au corsaire allemand

Un déluge de feu s'abat sur le cuirassé, lui fauchant ce qui lui reste de tourelles disponibles

Dès lors, tout est joué. Le commandant du Graf Spee, Hans Wilhelm Langsdorff, fait mettre les embarcations de sauvetage à l'eau et fait évacuer son équipage. Une demi-heure plus tard, le navire explosait.



Historiquement, cela s'est passé autrement. Ce n'était pas le Graf Spee, mais un autre navire allemand, le Santa Fé, qui ramenait du café et du coton de Rio de Janeiro. Le cargo est capturé, et change de pavillon sous le nom de Saint André. Il sera ensuite repris par les Allemands pour finir torpillé en Mer Noire le 24 novembre 1943 par un sous-marin soviétique. Quant au Graf Spee, son destin se jouera un peu plus loin, plus à l'ouest...

mardi 20 juillet 2021

Intervention en Noukhashshe

Le Noukhashshe, située entre l'Oronte et l'Euphrate, était une région appartenant au royaume du Mitanni. Alors que ses souverains venaient partiellement de se libérer de la domination hittite, une nouvelle menace survint du sud.


Thoutmôsis III cherchaient depuis plusieurs années à contrôler l'Asie. Déjà, les pays de Canaan et l'Amurru étaient sous contrôle égyptien, non sans mal en effet. Pharaon avait dû mettre au pas une coalition de princes révoltés, qu'il avait défait à Megiddo la vingt-troisième année de son règne. Dix ans plus tard, l'armée de Thoutmôsis III franchit l'Oronte, et envahit le Noukhashshe. La bataille se déroule non loin de la cité capitale, près de la moderne Alep en Syrie.



Nous avons utilisé ce scénario pour une table de démonstration lors du salon Plouguern'Ludik, qui s'est déroulé à Plouguerneau les 17 et 18 juillet 2021.

Sur la table, trois corps d'armées "Mitanni" font face à trois armées "égyptiennes", toutes sorties des listes fournies par la règle De Bellis Antiquitatis. Afin de permettre à des joueurs débutants de prendre plaisir à jouer des parties rapides sans avoir à assimiler bon nombre de points de règles, nous avons utilisé notre règle maison Mini-bataille terrestre, que vous pouvez trouver sur ce blog.

La bataille peut alors commencer. Les envahisseurs égyptiens s'avancent vers leurs adversaires, qui vont défendre chèrement leur cité.


L'armée mitanienne compte bien plus de chars que celle de Pharaon

Plus mobile, c'est elle qui sera privilégiée pour le combat, plutôt que son infanterie relativement médiocre

Les Mitanniens attaquent au cœur du dispositif ennemi, les Égyptiens tentent de les envelopper

Thoutmôsis, roi guerrier, n'hésite pas à se lancer dans la mêlée, toujours indécise

Les combats restent équilibrés, alors que l'infanterie s'approche

Les premières pertes, mais rien n'est encore joué pour l'un ou l'autre camp

La confusion des combats devient totale : bousculades et blocages débouchent sur un piège souvent fatal 

Mais la table s'éclaircit, et les Égyptiens semblent prendre le dessus

Thoutmôsis assène le coup de grâce : les Mitanniens sont vaincus

Avec deux corps démoralisés (un corps démoralise à 3 pertes), l'armée du Noukhashshe s'enfuit, et laisse la victoire à Pharaon. Thoutmôsis III, le pharaon conquérant, a encore gagné sur le champ de bataille. Il s'en saura fallut de peu : il n'y avait finalement qu'une seule perte d'écart.

lundi 12 juillet 2021

Reinhausen – 17 avril 1809



La Bavière a été envahie depuis peu et l’archiduc Charles, commandant les troupes autrichiennes, marche sur Ratisbonne pour débusquer l’armée française qui est signalée dans les parages. Il s’agit en fait du 3ème corps du maréchal Davout. 


C’est ainsi que le 17 avril, l’avant-garde du II. Armeekorps du General der Kavallerie von Klenau débouche par le Nord sur les hauteurs dominant Reinhausen. La prise de ce bourg lui ouvrirait le pont sur la Regen et la route de Ratisbonne située plus au sud.


Rapidement, les Jägers ouvrant la voie de la colonne signalent des troupes ennemies dans les alentours…

 

Il s’agit de la brigade Guiot (de la division du général Morand). 

Von Klenau ordonne immédiatement d’attaquer la ville, en vue de prendre le pont.

Alerté, Guiot, qui a pour mission d’empêcher tout ennemi de se rapprocher de Ratisbonne, ordonne de déployer ses régiments le long de la rivière, tandis que ses légers achèvent d’investir la ville.

 


En infériorité numérique, le temps joue pour lui :  les autrichiens, progressant sur du terrain difficile et
tardent à se déployer.

Ce sont bientôt deux colonnes d’assaut qui s’élancent sur Reinhausen où les légers sont maintenant bien retranchés.

 




Von Klenau, pour déborder les français, ordonne à sa cavalerie et à ses Jägers de traverser la rivière à guet plus au Nord et de fondre sur les troupes françaises retranchées en les contournant. Derrière suivent deux régiments de ligne allemands.


La conséquence est d’obliger les régiments français à quitter leurs retranchements pour leur faire face. Guiot envoie alors sa réserve d’artillerie pour les soutenir. Il est temps : déjà un régiment cède sous les tirs autrichiens. Un autre suit le même destin… Elle n’aura pas le temps de se déployer : elle est aussi prise à partie par l’artillerie à cheval ennemie qui l’engage de flan ce qui lui cause des dégâts irréversibles.

 



Inquiet, Guiot n’a plus qu’un régiment à envoyer en renfort pour s’opposer à cette manœuvre qui s’avère finalement plus dangereuse que prévue : si elle réussit, la route de Ratisbonne lui sera coupée !


Deux régiments font donc face mais ils sont maintenant opposés aux deux régiments de ligne allemands en plus de la cavalerie et des Jägers qui les engagent de flan.






Assaillis de toute part, ils finissent par capituler. Cette fois, Guiot n’a plus d’autre choix que de se replier : il ordonne aux légers d’abandonner Reinhausen et de repasser le pont. La fin de journée est là et sa mission est accomplie mais ses pertes sont si élevées que le pont sera abandonné dans la nuit.


Le General der Kavallerie von Klenau ne poursuivra que le lendemain matin mais trop tard…

samedi 3 juillet 2021

L'évasion du Guillaume Tell

En 1798, en se rendant en Egypte, le général Bonaparte s’était emparé de l’île de Malte. Aux yeux des Anglais, c’était un coin inadmissible dans leur domination de la Méditerranée. Un blocus de l’île fut aussitôt engagé.

Les défenses du général de Vaubois étaient inviolables, et les Anglais le savaient. Aussi, priver l’île de tout approvisionnement extérieur était le seul moyen qu’ils avaient pour essayer de déloger les Français.

Afin de prolonger la résistance de la garnison, le conseil de défense décida en mars 1800 de faire sortir le Guillaume Tell. À son bord, le contre amiral Décrès devra informer le gouvernement de la situation. Il saura en profiter pour se «débarrasser» des «bouches inutiles» (pas moins de 130 malades)…

La météo, avec un vent de force 6, n'est pas favorable à la navigation et encore moins à la visibilité. Les Anglais ont donc mis en place des patrouilles de corvettes et frégates le long de la côte, se rapprochant dangereusement des forts profitant de l'aveuglement de circonstance des artilleurs français. 


Le Guillaume Tell (vaisseau de second rang, avec 80 canons) attend une accalmie prévue de la météo pour appareiller au nez et à la barbe de ses "geôliers".

A 23h30, l'accalmie annoncée se fait sentir et il se lance.
Il suppose que le dispositif anglais n'a pas évolué, comme les jours précédents où les vaisseaux mouillaient de nuit juste en dehors de la portée des forts.
Sir Edward Berry, capitaine du HMS Foudroyant  (80 canons) et chef du dispositif de blocus en a décidé autrement. Il demande à ses patrouilles de se rapprocher encore de la côte, les corvettes dans l'ouest de La Valette et le HMS Penelope (frégate de 38 canons)à l'Est.
Les billes bleues sont un artifice pour suivre les  navires anglais sans les dévoiler au joueur français tant qu'ils sont hors de vue.


A 00h30, la frégate HMS Penelope aperçoit la masse imposante du Guillaume Tell dans la nuit. 
Elle fait courir dans le vent aussi vite que possible pour prévenir les vaisseaux au mouillage. 



Malheureusement pour elle, sa manœuvre la mit à portée des batteries meurtrières du vaisseau français. Ce dernier avait intégré des portées nocturnes réduites et chargé tous ses canons avec des boulets ramés. Il en résulte une destruction très significative de la mâture de la frégate, mais insuffisante cependant pour l'empêcher de courir jusqu'au HMS Foudroyant.


Avant même que la Penelope le rejoigne, Sir Berry avait vu la formidable lumière provoquée par la bordée du Guillaume Tell et donné l'ordre d'appareiller en urgence. 

Laissant son ancre au fond, le HMS Foudroyant s'éveille et se lance à la poursuite du fugitif. 


Le HMS Vincenjo (sloop de 18 canons dont 16 caronades) tente de se mettre en travers de la route du mastodonte. 


Dans le lointain, le bruit de la canonnade inquiète le capitaine Harrington du HMS Alexander (vaisseau de 74 canons) qui quitte son mouillage à l'Est pour se rapprocher des combats...

Se faisant, il oublie la consigne de Sir Berry de maintenir le blocus sur le port de La Valette. 


Vaillamment, le HMS Vincenjo tire une première bordée, réalise un virement de bord puis en tire une seconde. Le géant ne s'en laisse pas compter et continue sa course jusqu'à le percuter. 

L'intention du joueur anglais était de ralentir le fuyard, mais il avait compté sans l'écart de taille entre les navires, et le résultat a été une percussion dramatique pour le sloop.

A peine le sloop avalé par les flots, les deux géants, le HMS Foudroyant ayant rattrapé sa proie, commencent un échange intensif de bordées. 
Le HMS Lion (vaisseau de 64 canons) avait quitté son mouillage à la lumière des combats et s'est tranquillement placé pour prendre le fugitif en enfilade avec sa première bordée. Le résultat a été au niveau du brio de la manœuvre, perte totale du mât de beaupré et d'une bonne partie de la misaine.

Le Guillaume Tell résiste vaillamment, mais est maintenant aux prises avec deux vaisseaux anglais moins endommagés que lui qui a finalement perdu sa misaine...


Le HMS Lion manœuvre pour rester dans la bataille ce qui lui vaut de se prendre un enfilade arrière.



Profitant de ce que le HMS Alexander a quitté son poste, des navires français et un corsaire espagnol en profitent pour rejoindre le port de La Valette et ravitailler les défenseurs affamés. 








Au lever du jour, le Guillaume Tell ne s'est toujours pas défait de ses poursuivants et devra rendre les armes après que tous ses mâts ont été abattus. 

Il sera capturé et servira sous le nom de HMS Malta dans la marine anglaise jusqu'en 1840.








Ce scénario est fictif, bien que ses acteurs auraient tous pu s'y trouver. Il nous a permis de tester les derniers ajustements de la règle Pavillon du Roy, pratiquée par le club pour les batailles de cette époque.








Sources d'inspiration :
1/ Batailles navales de la France, Tome second (O. Troudé-1867)
2/ Battles of the British Navy, Vol II (Joseph Allen-1852)
3/ Carte des isles de Malte, du Goze, et du Cuming avec les nouvelles Redoutes & Batteries 1715.(Sieur Milcent)