En 1798, en se rendant en Egypte, le général Bonaparte s’était emparé de l’île de Malte. Aux yeux des Anglais, c’était un coin inadmissible dans leur domination de la Méditerranée. Un blocus de l’île fut aussitôt engagé.
Les défenses du général de Vaubois étaient inviolables,
et les Anglais le savaient. Aussi, priver l’île de tout approvisionnement extérieur était le seul moyen
qu’ils avaient pour essayer de déloger les Français.
Afin de prolonger la résistance de la garnison, le conseil de défense décida en mars 1800 de faire sortir le Guillaume
Tell. À son bord, le contre amiral Décrès devra informer le gouvernement de la situation. Il saura en profiter pour se «débarrasser» des «bouches inutiles» (pas moins de 130 malades)…
La météo, avec un vent de force 6, n'est pas favorable à la navigation et encore moins à la visibilité. Les Anglais ont donc mis en place des patrouilles de corvettes et frégates le long de la côte, se rapprochant dangereusement des forts profitant de l'aveuglement de circonstance des artilleurs français.
Le Guillaume Tell (vaisseau de second rang, avec 80 canons) attend une accalmie prévue de la météo pour appareiller au nez et à la barbe de ses "geôliers".
A 23h30, l'accalmie annoncée se fait sentir et il se lance.
Il suppose que le dispositif anglais n'a pas évolué, comme les jours précédents où les vaisseaux mouillaient de nuit juste en dehors de la portée des forts.
Sir Edward Berry, capitaine du HMS Foudroyant (80 canons) et chef du dispositif de blocus en a décidé autrement. Il demande à ses patrouilles de se rapprocher encore de la côte, les corvettes dans l'ouest de La Valette et le HMS Penelope (frégate de 38 canons)à l'Est.
Les billes bleues sont un artifice pour suivre les navires anglais sans les dévoiler au joueur français tant qu'ils sont hors de vue.
A 00h30, la frégate HMS Penelope aperçoit la masse imposante du Guillaume Tell dans la nuit.
Elle fait courir dans le vent aussi vite que possible pour prévenir les vaisseaux au mouillage.
Malheureusement pour elle, sa manœuvre la mit à portée des batteries meurtrières du vaisseau français. Ce dernier avait intégré des portées nocturnes réduites et chargé tous ses canons avec des boulets ramés. Il en résulte une destruction très significative de la mâture de la frégate, mais insuffisante cependant pour l'empêcher de courir jusqu'au HMS Foudroyant.
Avant même que la Penelope le rejoigne, Sir Berry avait vu la formidable lumière provoquée par la bordée du Guillaume Tell et donné l'ordre d'appareiller en urgence.
Laissant son ancre au fond, le HMS Foudroyant s'éveille et se lance à la poursuite du fugitif.
Le HMS Vincenjo (sloop de 18 canons dont 16 caronades) tente de se mettre en travers de la route du mastodonte.
Dans le lointain, le bruit de la canonnade inquiète le capitaine Harrington du HMS Alexander (vaisseau de 74 canons) qui quitte son mouillage à l'Est pour se rapprocher des combats...
Se faisant, il oublie la consigne de Sir Berry de maintenir le blocus sur le port de La Valette.
Vaillamment, le HMS Vincenjo tire une première bordée, réalise un virement de bord puis en tire une seconde. Le géant ne s'en laisse pas compter et continue sa course jusqu'à le percuter.
L'intention du joueur anglais était de ralentir le fuyard, mais il avait compté sans l'écart de taille entre les navires, et le résultat a été une percussion dramatique pour le sloop.
A peine le sloop avalé par les flots, les deux géants, le HMS Foudroyant ayant rattrapé sa proie, commencent un échange intensif de bordées.
Le HMS Lion (vaisseau de 64 canons) avait quitté son mouillage à la lumière des combats et s'est tranquillement placé pour prendre le fugitif en enfilade avec sa première bordée. Le résultat a été au niveau du brio de la manœuvre, perte totale du mât de beaupré et d'une bonne partie de la misaine.
Le Guillaume Tell résiste vaillamment, mais est maintenant aux prises avec deux vaisseaux anglais moins endommagés que lui qui a finalement perdu sa misaine...
Le HMS Lion manœuvre pour rester dans la bataille ce qui lui vaut de se prendre un enfilade arrière.
Profitant de ce que le HMS Alexander a quitté son poste, des navires français et un corsaire espagnol en profitent pour rejoindre le port de La Valette et ravitailler les défenseurs affamés.
Au lever du jour, le Guillaume Tell ne s'est toujours pas défait de ses poursuivants et devra rendre les armes après que tous ses mâts ont été abattus.
Il sera capturé et servira sous le nom de HMS Malta dans la marine anglaise jusqu'en 1840.
Ce scénario est fictif, bien que ses acteurs auraient tous pu s'y trouver. Il nous a permis de tester les derniers ajustements de la règle Pavillon du Roy, pratiquée par le club pour les batailles de cette époque.
Sources d'inspiration :
1/ Batailles navales de la France, Tome second (O. Troudé-1867)
2/ Battles of the British Navy, Vol II (Joseph Allen-1852)
3/ Carte des isles de Malte, du Goze, et du Cuming avec les nouvelles Redoutes & Batteries 1715.(Sieur Milcent)
Cette règle est une pépite ! En tant que chef des forces navales anglaises devant Malte, je suis satisfait des manœuvres du Foudroyant et du Lion.
RépondreSupprimerQuant au reste de la flotte... Il y aura des sanctions, inévitablement.
On en a pendu pour moins que cela...
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