Mai 1762.
La fin de la
Guerre de Sept ans est proche, mais
personne ne s’y attend vraiment. Frédéric II de Prusse est mis sous pression
par les armées autrichienne et russe en Saxe, Silésie et dans la Prusse
Orientale, alors qu’à l’ouest de l’Allemagne ses alliés anglais et hanovriens
neutralisent les armées françaises. En sous-effectif chronique, à un contre deux au
mieux, la seule bonne nouvelle pour lui vient du retrait du conflit des Suédois. Cette reddition lui permet de récupérer quelques régiments qui vont être
immédiatement redirigés vers la Saxe.
Cette région, fortement disputée depuis près de sept ans, est
encore partiellement occupée par les Prussiens, commandés par le frère du roi : le prince Henri
de Prusse. Ce théâtre d’opération est considéré comme secondaire
par Frédéric, et Henri de Prusse doit se contenter de régiments de qualité
moyenne, et en quantité nettement insuffisante pour pouvoir faire autre chose
que de la résistance. L’arrivée de ces renforts est la bienvenue.
Le prince Henri choisit alors de prendre l’offensive en
espérant surprendre les troupes autrichiennes dans leurs cantonnements d’hiver,
avant qu’ils puissent repartir à l’offensive. Son choix se porte sur la région
de Döbeln, petite ville sur les bords de la rivière Mulder, sur les berges de
laquelle les troupes autrichiennes se sont assez fortement fortifiées depuis
plusieurs années.
Les Autrichiens ont bâti des redoutes pour
protéger les ponts sur la Mulder mais ne s’attendent pas à une attaque.
Le 12 mai, à cinq heures du matin les Prussiens lancent l'assaut.
Le général Von Zedtwitz, commandant les forces autrichiennes, est en
arrière du dispositif avec ses régiments de cavalerie et ses grenadiers.
La surprise est totale et les régiments ne sont pas formés.
La colonne la plus au sud, menée par le général prussien Von Kleist ,
aborde son objectif la première mais se heurte à une batterie retranchée
derrière le pont.
Au nord, la colonne de cavalerie menée par le général Von Seidlitz
franchit elle aussi le pont, dragons en tête, pour se heurter à une
seconde batterie qui la bloque dans son élan.
Les dragons se lancent à l’assaut des défenses mais ne peuvent les franchir et sont repoussés.
Au
centre, la colonne d’infanterie menée par le général Von Stutterheim
avance plus lentement. Les bataillons avancent les uns derrière les
autres et se font cueillir à la sortie du pont par un bataillon de Grenzer qui s’oppose vaillamment à tous les efforts des Prussiens pour se déployer.
Deux bataillons prussiens sont mis en déroute successivement…
… avant que le rouleau compresseur des grenadiers ne s’installe, bien
aidés par une batterie prussienne qui prend en enfilade les Grenzer
hongrois et les oblige à se replier.
Au nord, Von Seydlitz a réussi à faire charger le bataillon de
grenadiers qui accompagnait sa cavalerie. Enragés par les heures passées
à manger la poussière des régiments de cavalerie placés en avant-garde,
leur avance est irrésistible !
Deux bataillons autrichiens sont mis en déroute, ainsi qu’un régiment de
hussards pris totalement par surprise ! Le nord de la Mulder est
franchi et la cavalerie prussienne, qui a réussi à se reformer, se prépare
à anéantir les Autrichiens en désordre.
Côté sud, Von Kleist a réussi à faire traverser ses troupes mais il se
retrouve coincé sans possibilité de manœuvre, alors que les renforts
autrichiens du général en chef arrivent au contact. Sa situation est
délicate.
Enfin, la dernière colonne, un peu au sud de Döbeln, a mis plus de temps
à traverser la rivière et a déjà subi de nombreuses pertes.
Mais elle peut compter sur le soutien d'un bataillon de chasseurs qui réussit à contourner les retranchements autrichiens, et qui désorganise la défense !
Au même moment, du côté nord de Döbeln, la dernière redoute autrichienne est prise à la baïonnette par l’infanterie prussienne.
Avec
la perte de cette batterie, trois des colonnes prussiennes ont passé la
Mulder et ont réussi à établir une solide tête de pont. La colonne du
général Von Kleist, plus isolée, résiste toujours et a pu neutraliser la
majeure partie des renforts autrichiens.
Les bataillons
autrichiens sont pour la plupart en déroute et s’enfuient vers le sud,
pour rejoindre le gros de leur armée. Von Zedtwitz ne les a pas
attendus : il a pris la fuite depuis longtemps…
La victoire est prussienne, même si les pertes ont été plus élevées que prévu !