Jeux d'Histoire du Ponant - club de jeux d'Histoire à Brest

vendredi 24 janvier 2020

L'émissaire de Nouvelle-France

La Guerre de Sept Ans fait rage en Europe et dans les colonies.

Au Canada, les espions anglais ont découvert qu'une estafette avait été envoyée par le Marquis de Vaudreuil au roi Louis XV. Le gouverneur général de Nouvelle-France réclamait des renforts afin de reprendre Québec, qui venait de tomber aux mains des Treize Colonies.


Après avoir traversé l'Atlantique, et essuyé une tempête exécrable, l'Utile et l'Amphion, qui transportent l'émissaire, s'approchent enfin de Belle-Isle. Nous sommes le 20 décembre 1759.


Alors que les deux navires se rapprochent de la côte française, des frégates anglaises font leur apparition au loin. Ces dernières patrouillaient au large des côtes du Morbihan après leur victoire à la bataille de Cardinaux.


Aux quatre frégates anglaises s'ajoute le HMS Norwich (vaisseau de 50 canons), qui poursuit les navires français depuis qu'ils ont quitté Louisbourg.



Côté français, le vaisseau L'Intrépide (vaisseau de 74 canons), rescapé de la bataille des cardinaux, est au mouillage devant le Palais, attendant la fin du coup de tabac.


De plus, la Comtesse de Gramont, corvette de 18 canons armée par le corsaire Pierre Dolhonde, se tient prête à embouquer le chenal de la Teignouse pour se porter au secours des arrivants.



L'idée du capitaine de L'Utile est de se porter au plus vite entre Belle-Île et la côte afin de pouvoir bénéficier de la protection des batteries côtières Taillefert, Ramonette et Gros Rocher. Son objectif est de débarquer son émissaire à Saint-Nazaire, afin qu'il puisse rejoindre Versailles au plus vite.


Ce que les vigies des navires français n'avaient pas remarqué, était la présence au sud ouest de l'île d'un sloop anglais, servant d'éclaireur aux frégates.



Le capitaine du HMS Weazle (16 canons), n'écoutant que son courage, et conscient de l'urgence à ralentir les Français, se porte seul, toutes voiles dehors malgré la force du vent, au devant des deux navires français arrivant du Canada.

L'histoire retiendra que ce choix risqué s'avéra payant.






Ne sachant pas sur lequel des deux navires se trouvait l'émissaire, il se porta naturellement devant celui qu'il estimait désarmé.

En effet, l'Utile, flûte de 20 canons, avait pris soin de masquer tous ses sabords afin d'être en mesure de tirer de prêt sa première bordée.

Larguant sa première bordée dans les voiles de l'Utile dès qu'il est assez près, le HMS Weazle fait des dégâts bien au-delà de ce qu'il avait espéré.


L'Utile, en pleines voiles, avec un vent résidu de la tempête de la veille se fait littéralement démâter, ne conservant pour poursuivre sa route qu'un mât endommagé et ses chaloupes !

Le HMS Weazle, ne s'attarde pas pour apprécier le spectacle, et file avec toute la dextérité que lui permet sa petite taille pour éviter le retour de flammes. L'Utile n'a plus de voiles mais a toujours ses canons.



Pendant ce temps, la flottille anglaise s'est rapprochée en maintenant sa formation en ligne de file. Derrière l'Utile, le HMS Norwich (50 canons), qui poursuivait l’émissaire depuis Louisbourg mais avait plus souffert de la tempête, arrive pour profiter de l’éclatante action du Weazle.

La Comtesse de Gramont a fini le franchissement du passage de la Teignouse pour sortir de la baie de Quiberon, et cherche à se rapprocher du Weazle afin d'honorer son contrat.

Enfin, L'Intrépide qui avait appareillé, s’apprête à entrer dans la danse en s'interposant entre la flotte anglaise et sa proie.





De son côté, le corsaire Amphion (50 canons) qui escortait l'Utile, se porte au devant de la ligne anglaise pour laisser le passage à l'émissaire.









S'en suivit une "joyeuse" empoignade, au cours de laquelle l'Amphion tâche tant bien que mal de ralentir la flottille anglaise. Mais à un contre quatre, il n'avait que peu de chances de réussir à les ralentir.

L'Intrépide engagea la conversation avec trois frégates anglaises, laissant passer la première qui fondit sur ce qui restait de l'Utile.



Ce dernier cherchant toujours désespérément à rejoindre la côte au moyen de ses chaloupes qui ne lui donnaient évidemment pas assez de vitesse.

Ayant garder suffisamment d'hommes, il ne se privait pas d'arroser au passage la première frégate anglaise avec ses canons intacts.







L'acharnement de l'équipage de l'Utile ne fut pas récompensé et ne résista plus très longtemps aux assauts répétés des Anglais qui l'obligèrent à rentrer ses couleurs.

On notera au passage qu'à deux contre un, la Comtesse de Gramont subit le même sort et a dû rendre les armes.






Anecdote amusante, tout accaparé par l’hallali sur l'Utile et la Comtesse de Gramont, le HMS Norwich ne réduisit pas sa voilure suffisamment tôt au moment de virer pour éviter la côte et n'eut plus assez d'espace et dû mouiller en urgence pour éviter une embrassade trop violente avec la côte.

Au bilan, l'émissaire n'arriva jamais à Versailles, et la Nouvelle France n'eut pas ses renforts.

Quelques mois plus tard, les treize colonies achevaient la conquête de la quasi totalité de ses territoires.

 

Ce scénario est fictif, bien que ses acteurs auraient tous pu s'y trouver. Il nous a permis de tester les derniers ajustements de la règle Pavillon du Roy, pratiquée par le club pour les batailles de cette époque.

4 commentaires:

  1. Ce fut pour moi une remise en jambe enthousiasmante. Je n'avais pas joué de partie de jeu naval depuis une éternité. La règle est vraiment très équilibrée, dynamique et technique sans excès toutefois, un vrai bonheur !

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    1. Pour une remise en jambes, le capitaine de l'Amphion a été plus que téméraire et à bon escient.
      Merci pour ce commentaire.

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  2. Commandant de l'utile, je ne l'ai finalement pas été durant cette partie.
    Une prochaine fois espérons !
    Règle toujours autant appréciée pour ma part, Pavillon du Roy est une petite pépite.

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