|
Bataille de Chesapeake, au même endroit, mais quelques mois plus tard (sept 1781) |
Le 8 mars 1781, après une première tentative mitigée de contrer les actions de déprédations du commodore anglais Courrier sur les côtes de Virginie, le Chevalier Destouches, commandant l'escadre des Amériques par intérim après le décès prématuré du chef d'escadre chevalier d'Arzac du Ternay, décide d'intervenir en personne avec une flotte plus importante. Dans le même temps, il va répondre aux suppliques du général Washington demandant l'envoi de renforts de troupes en Virginie.
Il passe sur le Neptune et prend la mer à la tête d'une flotte de neuf vaisseaux : Le Duc de Bourgogne (80), Le Conquérant (74), Le Neptune (74), Le Provence (64), L'Ardent (64), Le Jason (64), L'Éveillé (64), Le Fantasque (64 armé en flûte, transportant le gros des troupes) et Le Romulus (44), vaisseau récemment capturé aux Anglais.
Le 16 mars au matin, après avoir essuyé une tempête, le chevalier Destouches est proche d'arriver à l'ouvert de la baie de Chesapeake, lorsqu'il aperçoit devant lui, et lui faisant dos, les voiles d'une flotte anglaise en mesure de lui barrer le passage. Il ne tarde pas à reconnaître les voiles de la division du Vice-Amiral Arbuthnot, commandant les forces navales anglaises dans cette zone : HMS
London (90), HMS
Bedford (74), HMS
Royal Oak (74), HMS
Robust (74), HMS
America (64), HMS
Prudent (64), HMS
Europe (64), HMS
Adamant (50), HMS
Pearl (32), HMS
Iris (32), HMS
Guadalupe (28), HMS
Medea (28). Informé du projet des Français, il a dépêché ce détachement sur place sous les ordres de Sir Thomas Grave. Ce dernier a fait le choix de suivre la côte afin d'éviter la tempête. Ainsi, il est involontairement arrivé sur place avant la flotte française.
Cette bataille du Cap Henry est ainsi nommée à tort puisqu'elle s'est principalement
déroulée au large du cap Charles.
C'est en tout cas ce qui s'est passé
lorsque nous l'avons rejouée avec la règle maison "Pavillon du Roy".
Ce jour-là, le vent souffle du N-N-O, la mer grosse et la brume menace de voiler les objectifs. Bénéficiant de l'avantage du vent, les Français tentent d'attirer les Anglais au large pour leur compliquer la tâche au moment où ils se retourneront pour entrer dans la baie.
Les Anglais, d'abord surpris de l'arrivée de la flotte ennemie dans leur dos, manœuvrent pour se mettre en ordre de bataille, cap vers le large...
Le plan des Français semble fonctionner, plus de la moitié de la flotte anglaise se range cap au large.
Seules quatre unités restent en arrière, sous le commandement du HMS America. Elles mouillent même pour dénier toute velléité d'entrée dans la baie.
Les Anglais ouvrent le feu d'assez loin, espérant profiter de leur position d'enfilade.
Cette tentative s'avère payante sur une des frégates françaises qui s'est un peu trop avancé.
Considérant que l'avant-garde anglaise est suffisamment avancée vers le large, Destouches, ayant toujours l'avantage du vent, commence son mouvement pour faire route vers l'entrée de la baie.
Pendant le retournement, les plus grosses unités françaises en profitent pour arroser copieusement leurs homologues anglaises, mais le résultat est indécis.
Pendant ce temps là...
Les unités françaises avec le plus de troupes et de matériel à bord se rapprochent de la baie en suivant la côte et tentent un passage en force grâce au vent favorable.
Les unités françaises se rapprochant, le verrou anglais quitte son poste de mouillage pour les contraindre à se rapprocher de la côte et des hauts fonds.
L’exécution des ordres de Sir Thomas par ses troupes n'est pas été parfaite. Le HMS America se retrouve seul face à la moitié de la flotte française, même si le HMS Europe essaye difficilement de le rejoindre pour l'épauler.
A l'avant de la flotte anglaise, on tente un difficile virement "lof pour lof" (face au vent) afin de revenir sur les Français qui continuent de les pilonner en passant.
L'avant-garde anglaise a enfin réussi sa manœuvre et tentera sans succès de combler son retard.
En effet, l'agressivité des Français à l'ouvert de la baie met à mal la résistance héroïque du HMS America.
Même si l'objectif des Français se solde par un statu quo naval, le général Washington recevra ses renforts.
Historiquement, Destouches avait refusé le combat et était retourné à New Port.